« Africa International » : 50 ans et débordant de projets


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Jubilé d’or pour le pionnier de la presse panafricaine francophone. Africa International a célébré dans la convivialité et avec émotion ses 50 printemps, à Paris, en présence de Martin Luther King III. Le temps d’une soirée, le mensuel a été le pont entre l’Amérique et l’Afrique.

Africa International a 50 ans. Le mensuel panafricain, créé en 1958, a fêté son cinquantenaire, le 15 novembre dernier, à Paris, en présence de Martin Luther King III, le fils du célèbre pasteur américain. La soirée, placée sous le signe de l’hommage à ces Africains-Américains pionniers, qui se sont installés dans la capitale française, a été aussi l’occasion de saluer la victoire du nouveau président américain, Barack Obama. La fête était belle et ils sont venus nombreux d’Afrique, d’Amérique et d’Europe pour célébrer un vétéran de la presse africaine francophone qui se lance dans une nouvelle aventure, selon Marie-Roger Biloa. La journaliste d’origine camerounaise, rédactrice en chef d’Africa International, dirige le groupe de presse éponyme depuis 1991. « Ce jubilé est à la fois un aboutissement et un nouveau départ parce que nous allons à partir de maintenant faire un journal qui sera encore plus proche de nos lecteurs en tenant compte des évolutions que nous connaissons actuellement.»

L’un des échos francophones de l’Afrique

Le magazine évolue et sa pérennité a été saluée par les amis d’Africa
International
réunis le temps d’une soirée des plus conviviales où les trophées Africa International ont distingué, entre autres, la militante altermondialiste malienne Aminata Traoré, le chanteur angolais Bonga ou encore le Gabonais Jean Ping qui assure la présidence de la Commission de l’Union africaine. « Cinquante ans, c’est énorme. Qu’un journal panafricain dure aussi longtemps tout en s’améliorant, c’est fabuleux », s’est émerveillé la réalisatrice martiniquaise Euzhan Palcy. « Ce cinquantenaire signifie que les Africains peuvent accomplir des choses », a renchéri l’animateur-producteur, Benson Diakité, qui officie sur les ondes de RFI. Ce dernier estime que les Africains qui font bouger les lignes chez eux ou ailleurs doivent être mis en avant par la presse. Leaders de la société civile, politiques, entrepreneurs, sportifs ou artistes, ils sont ceux qui font l’actualité et qui ont eu l’occasion de figurer dans les colonnes d’Africa International, comme le note l’artiste angolais Bonga. « Nous avons besoin que la presse nous mette là où nous devons être parce qu’il y a finalement très peu de gens qui parlent de façon positive de nous. Africa International nous valorise. Il a été pendant 50 ans sur la bonne voie et il faut qu’il continue de l’être. Nous serons toujours là pour soutenir cette façon dont il parle de nos pays, de notre manière d’être et de notre culture ».

Trois questions à Marie-Roger Biloa

Afrik.com : Que représente ce jubilé d’or pour Africa International?

Marie-Roger Biloa :
A la fois un accomplissement et un nouveau départ. A partir de maintenant, nous allons faire un magazine encore plus proche des lecteurs de par ses sujets, sa distribution… en tenant compte des évolutions actuelles. Cet anniversaire est aussi l’occasion de se retrouver autour de notre projet commun : l’Afrique. Ce sentiment d’appartenance à une communauté est réconfortant et source de fierté.

Afrik.com : Quel regard portez-vous sur la presse africaine en général ?

Marie-Roger Biloa :
C’est une presse dynamique en dépit des maigres moyens dont elle dispose. Elle est particulièrement nécessaire parce qu’elle a de vrais combats à mener. Elle commet, certes, des péchés de jeunesse parce que tous les titres n’ont pas 50 ans derrière eux. Mais je suis à la fois fière et optimiste quant à ses capacités. Nous avons le mérite d’exister même si nous remplissons encore de manière imparfaite nos missions.

Afrik.com : Paris est-elle devenue de façon définitive la capitale de la presse panafricaine ?

Marie-Roger Biloa :
L’expérience montre que pour être « presse panafricaine », il faut être à l’extérieur du continent. Nous avons également le français en commun. Enfin, il y a des avantages pratiques pour la distribution. Je pense qu’aucune réflexion n’est menée dans le sens de quitter Paris.

Parler de l’Afrique et faire écho à son dynamisme. C’est ce parti-pris que salue Jean-Ping. « Une magnifique soirée africaine pour célébrer un grand journal qui accompagne le développement de l’Afrique. A l’instar d’Africa International, les médias doivent le faire en présentant l’Afrique autrement qu’à travers les stéréotypes dont souffre le continent. Ils doivent se faire le porte-voix de l’Afrique qui gagne ». Un point de vue que partage le fils du pasteur King. « Je félicte Africa International et sa rédactrice en Chef, Marie-Roger Biloa, pour leur contribution majeure à la diffusion de l’information relative au continent africain, certainement le plus stupéfiant de la planète», a déclaré samedi Martin Luther King III. Son intervention retraçant notamment le combat des Noirs américains jusqu’à la victoire de Barack Obama, « qui n’est qu’une facette du rêve de son père », selon lui, a beaucoup ému les invités d’Africa International. Tiré à près de 60 000 exemplaires, le premier mensuel panafricain francophone revendique 500 000 lecteurs. Pour paraphraser Jean Ping, « bon vent ! » à Africa International.

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