Quelques jours seulement après la publication par plusieurs médias des « Luanda Leaks », cette enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et qui accable Isabel dos Santos, Nuno Ribeiro da Cunha, banquier portugais travaillant pour la banque Eurobic, et gestionnaire des comptes de Isabel dos Santos, a été retrouvé mort, pendu dans son garage.
La découverte macabre a été effectuée hier soir. Le corps sans vie de Nuno Ribeiro da Cunha « a été retrouvé hier (mercredi) soir et tous les indices portent à croire qu’il s’agit d’un suicide », rapporte à l’AFP un porte-parole de la police portugaise. L’hypothèse du suicide a été officiellement avancée par la hiérarchie policière portugaise, dans un communiqué : le banquier « se serait suicidé par pendaison dans son garage ». Le nom de Nuno Ribeiro da Cunha a été cité dans les « Luanda Leaks » publiés dimanche dernier et qui accusent la “Princesse de Luanda” d’avoir siphonné les caisses de l’Angola pour accumuler frauduleusement une fortune estimée à 2,1 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros).
Cette enquête du Consortium apporte de l’eau au moulin de l’Etat angolais qui avait enclenché, depuis quelques semaines, une procédure judiciaire à l’encontre de la fille de l’ex-Président, en se basant sur de lourds soupçons de détournements de deniers publics et de blanchiment d’argent qui pesaient sur elle. Le chapelet de délits dont est accusée la femme la plus riche d’Afrique s’est considérablement allongé, le jours passant ; en plus des deux délits déjà évoqués, l’épouse de Sindika Dokolo est également accusée de fraude, de trafic d’influence, d’abus de biens sociaux, de faux en écriture.
Le Portugal, où une procédure est également en cours contre la femme d’affaires, semble décidé à collaborer avec la justice angolaise dans le cadre de cette affaire. Dans ce sens, le procureur général angolais, Helder Pitta Groz, s’est rendu ce jour même à Lisbonne pour rencontrer son homologue portugais. De son côté, la banque portugaise Eurobic se sépare de celle qui, jusque-là, était son actionnaire principale en décidant de mettre fin à toute « relation commerciale avec elle ». Toutes les parts détenues par Isabel dos Santos dans la société seront donc vendues.
Lundi dernier, Isabel dos Santos réagissait sur BBC pour dénoncer une « chasse aux sorcières » dont le seul but est de la discréditer, elle et son père. Mais cette mort par “suicide” du banquier portugais n’enfonce-t-elle pas davantage la femme d’affaires déjà en plein dans les difficultés ? Ce qui paraît certain, pour l’heure, c’est que l’Etat angolais entend user de tous les moyens dont il dispose pour ramener Isabel dos Santos et la juger en Angola.