Même s’ils n’en parlent pas trop, les Sénégalais n’ont pas encore tourné la page de la fameuse histoire de corruption, qui impliquait directement Aliou Sall, le frère du Président Macky Sall. En juin 2019, un reportage de la BBC avait dénoncé une transaction de 250 000 dollars (plus de 134 millions FCFA) de la part de l’entreprise spécialisée dans les hydrocarbures Petro-Tim à la société Agritrans, une société contrôlée par le maire de Guédiawaye.
Aliou a-t-il les mains « Sall » ? C’est du moins la question que se poset la plupart des Sénégalais et nombreux sont affirmatifs que le maire de Guédiawaye n’est pas blanc comme neige dans cette affaire de corruption, qui a scandalisé tout le pays. Et depuis plusieurs années, la justice sénégalaise enquête sur des soupçons de corruption dans l’industrie pétrolière et gazière du Sénégal. Mais le juge chargé de l’affaire a finalement décidé de classer sans suite cette affaire qui a fait grand bruit.
Après avoir entendu les différents protagonistes, dont Aliou Sall, qui n’est autre que le frère du président de la République du Sénégal, Macky Sall, le juge chargé de faire la lumière sur cette affaire aurait affirmé qu’il n’est pas établi que de l’argent ait été versé pour corrompre qui que ce soit. L’enquête n’a pas non plus révélé que l’État aurait été floué, selon lui. Le magistrat relève toutefois que les contrats ont été antidatés à janvier 2012. En revanche, il n’écarte pas non plus qu’un « bonus » ait été demandé à une concurrente de Pétro-Tim pour rendre son offre plus attractive et obtenir le contrat, en plus de 3 millions de dollars (plus de 1,6 milliard FCFA) de pénalités pour des travaux non réalisés sur un autre bloc. Mais c’était sous l’administration précédant celle de Macky Sall. Et le juge a indiqué que si des détournements ont eu lieu à cette occasion, ils sont prescrits.
« Selon le rapport que j’ai lu, le juge d’instruction ne peut pas incriminer ou incarcérer quelqu’un sans avoir la preuve de sa culpabilité », a déclaré le Président sénégalais, Macky Sall. Il a assuré qu’il avait lui-même demandé à la justice d’enquêter, fait sans précédent selon lui quand le nom d’un proche du chef de l’État, en l’occurrence son frère cadet Aliou Sall, est cité. Ce dernier et BP se sont toujours défendus de toute malversation.
L’affaire a beaucoup fait parler, à la fois parce qu’elle touchait l’entourage le plus proche du Président, mais aussi les ressources d’hydrocarbures qui ont été découvertes, ces dernières années, dans l’Atlantique au large du Sénégal dont le pays espère beaucoup. Elle porte sur l’attribution, en juin 2012, de l’exploration et de l’exploitation de deux champs pétroliers et gaziers à la société Petro-Tim de l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis, novice dans le secteur, associée à Petrosen (Société des pétroles du Sénégal).
En plus de la prime de 250 000 dollars (134 millions FCFA) versée à Agritrans, les révélations pointent du doigt le rachat, par le groupe British Petroleum, des participations du groupe de Frank Timis, en 2017, pour 250 millions de dollars (134,2 milliards FCFA), assortis de redevances de quelque 10 milliards de dollars (5 370 milliards FCFA) sur 40 ans, détournant d’importants revenus des caisses de l’État.