Affaire Ousmane Sonko au Sénégal : vous avez dit terroriste ?


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Antoine Félix Diome
Antoine Félix Diome

Le ministre sénégalais de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, lors de sa sortie, ce vendredi soir, suite aux actes de violences qui font rage au Sénégal, plus particulièrement à Dakar, la capitale, a sorti le mot « terroriste » pour qualifier ce qui se passe dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Très attendu pour édifier les Sénégalais sur les perspectives de sortie de crise, suite aux violences ayant émaillé l’arrestation d’Ousmane Sonko, leader de l’opposition sénégalaise, le ministre sénégalais de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a fait usage d’un mot devenu classique pour justifier toute répression : le terrorisme. Au grand dam de beaucoup de Sénégalais. Vu sous son angle, le mot est trop fort pour expliquer ce qui se passe au Sénégal, depuis trois jours, notamment après l’interpellation du leader du mouvement politique PASTEF.

En ce sens qu’un fait isolé, notamment un individu, dont on ne sait de quel bord il est pour pouvoir disposer d’une arme à feu, a fait usage d’un pistolet pour ouvrir la porte d’un magasin Auchan, ouvrant la voie à des pilleurs qui se sont rués sur de la nourriture et autres denrées. Cet arme a feu dégainé, n’a pas été pointé sur des individus. Personnellement, je qualifierai ce type de brigand, de voyou, de bandit. D’autres le qualifieront de sauveur, leur ayant offert leur pain quotidien de ce jour. Sans doute qu’Antoine Félix Diome ne parle pas de cet individu.

Des morts, il y en a eu, ces derniers jours, et les auteurs ne sont pas encore identifiés, mais les populations indexent les forces de défense et de sécurité. Il y a toutefois une chose qui s’est produite, ces derniers jours : nous avons tous perdu nos libertés. Le citoyen lambda que je suis, les députés, ministres et autres membres du gouvernement. Nous ne pouvons plus aller là où nous voulons, quand nous le voulons. Comme on le faisait depuis des années. Nous avons peur. Nous sommes tous terrorisés. Par des terroristes ? La question demeure entière. Mais, toujours est-il que les populations sénégalaises auraient pu être épargnées de ces tracas.

Le peuple n’a pas besoin de savoir, dans cette situation, qui a tort ou qui a raison. Loin de chercher à légitimer tout acte de violence, je pense que cette situation, le Président Macky Sall aurait pu la régler sans nous avertir. Autant, il a réglé la question de Karim Wade, sans en informer le peuple. Oui, Macky Sall a le plus la possibilité de calmer le jeu, de faire revenir la paix. Car, ces autres qui sont dans les rues, il s’agit d’une foule, qui ne réfléchit pas. Et j’avoue que, dans la soirée de ce vendredi, c’est plutôt sous ce chapitre de l’apaisement que le ministre de l’Intérieur, qui a porté la voix du chef de l’Etat, était plus attendu. Car ceux qui sont sortis dans les rues du Sénégal, ce ne sont pas des terroristes, ce sont des populations. A ce que je sache, un terroriste qui a l’avantage d’une situation ne négocie pas, ne coopère pas, ne communie pas avec les forces de défense et de sécurité.

Monsieur le ministre, au moment où vous évoquiez le terrorisme, les jeunes étaient en train de communier avec les éléments des forces de l’ordre. Les images circulent en boucle. Des policiers soulevés en l’air et portés en triomphe. Par des terroristes ? Des gaillards qui avoisinaient la trentaine d’âge, de la même génération que ces agents des forces de l’ordre déployés sur le terrain, qui après s’être affrontés avec les policiers, ont compris qu’ils avaient l’avantage, la vie de certains policiers était en effet en danger. Ces jeunes ont accepté de « signer un cesser-le-feu » et s’approcher de leurs répresseurs d’il y a quelques minutes, pour ensemble communier. J’imagine qu’en parlant de terroristes, vous ne faites pas allusion à ces jeunes-là.

Pour nous autres Sénégalais lambda, peu importe d’où qu’elle puisse venir, mais nous voulons la paix. Et celui à qui nous avons confié, je dis bien confié, les destinées du Sénégal, je veux citer le Président Macky Sall, est, à notre avis, le premier à pouvoir, comme le répètent tous les Sénégalais avertis, sortir le pays de ce bourbier. Quelqu’un qui a pu gérer, sans tambour ni trompette, l’affaire Karim Wade, de façon « propre et limpide », peut facilement gérer celle du député Ousmane Sonko. Ne serait-ce pour ramener le calme que nous souhaitons tous. Surtout que nous voulons retrouver notre liberté de circuler, perdue, depuis quelques jours.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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