Affaire Martinez Zogo : le nouveau juge requalifie les chefs d’accusation contre cinq prévenus


Lecture 3 min.
Martinez Zogo, journaliste
Le journaliste Martinez Zogo

L’instruction dans le dossier de l’assassinat du journaliste camerounais Martinez Zogo vient de connaître un nouveau rebondissement. Le nouveau juge en charge de l’affaire a requalifié en complicité d’assassinat et assassinat les chefs d’accusation retenus contre cinq personnes interpellées dans ce dossier.

Jusque-là inculpé pour «complicité d’enlèvement et de torture» dans l’affaire Martinez Zogo, l’ancien directeur des opérations de la DGRE, le lieutenant-colonel Justin Danwe, devra désormais répondre de «complicité d’assassinat». Même chose pour Martin Stéphane Savom, maire de la commune de Bibey, arrêté le 19 décembre 2023. Selon le site d’information actucameroun.com, il est la dernière personne à avoir rencontré Martinez Zogo avant son enlèvement.

Des éléments obtenus à l’occasion des perquisitions opérées en son domicile et de l’exploitation de ses téléphones portables ont permis aux juges de conclure à l’existence de liens privilégiés entre Justin Danwe et lui. Les éléments de torture du journaliste retrouvés dans son téléphone ont amené les juges à soupçonner son implication dans l’assassinat de Martinez Zogo.

Aucune satisfaction dans le camp des proches de la victime

Les trois personnes restantes sont, pour leur part, désormais accusées d’assassinat. Ces trois personnes qui seraient des agents de la DGRE auraient joué chacun un rôle direct dans les actes de torture ayant conduit à la mort de Martinez Zogo. Selon, le site actucameroun.com, il s’agirait de Clément Ebo’o qui aurait introduit un câble dans l’orifice anal de Martinez Zogo, de Oumarou Godje qui aurait coupé l’oreille au journaliste, et d’un certain Dawa Bosco qui aurait aidé à déshabiller la victime.

Cette requalification des chefs d’accusation est une avancée importante reconnue par les conseils des proches de Martinez Zogo, mais elle reste insuffisante tant qu’elle n’est pas étendue aux autres accusés. En effet, elle ne concerne par exemple pas Jean-Pierre Amougou Belinga ou encore Maxime Eko Eko, l’ex-patron de la DGRE. C’est ce que dénonce clairement Me Calvin Job dans son intervention après la décision du juge. «C’est quand même un soulagement. Les ayants droit de Martinez Zogo voient qu’effectivement une qualification en adéquation avec le supplice subi par Martinez Zogo est prise par le juge d’instruction», a, dans un premier temps, déclaré l’avocat.

Troisième juge qui est nommé sur le dossier

Avant de poursuivre : «On nous demande si on est satisfait. Il n’y a aucune satisfaction à avoir. Il a fallu attendre un an pour que ce qui est évident soit retenu par la justice. Pour l’instant, une fois de plus, nous attendons de voir l’évolution, savoir exactement l’étendue de cette requalification. On ne peut pas requalifier pour certains et laisser d’autres sur le côté. Tout le monde doit être concerné par cette requalification».

Depuis l’ouverture de l’instruction, il y a un an, c’est le troisième juge qui est nommé sur le dossier. Ce troisième, Pierrot Narcisse Nzié, a succédé, le 13 décembre 2023, à Florent Aimé Sikati II Kamwo limogé pour s’être emmêlé les pinceaux dans une affaire de remise en liberté de Jean-Pierre Amougou Belinga et Maxime Eko Eko. Pierrot Narcisse Nzié devra se prononcer sur les détentions provisoires, dont le délai légal arrive à expiration, le 4 mars.

Avatar photo
Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News