Affaire Martinez Zogo : la DGRE jugée civilement responsable par la justice camerounaise


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Martinez Zogo
Martinez Zogo

La justice camerounaise a déclaré la DGRE civilement responsable dans l’affaire du meurtre du journaliste Martinez Zogo. C’est un tournant important dans le procès.

Le procès autour du meurtre tragique du journaliste Martinez Zogo, ancien chef de la radio Amplitude FM, a connu un développement significatif lors de sa neuvième audience qui s’est tenue le 19 août 2024 au tribunal militaire de Yaoundé. Une audience longue et tendue qui a vu la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE) perdre sa qualité de partie civile, un tournant qui pourrait changer le cours de ce procès complexe.

Le rejet des sursis et la responsabilité civile de l’État

L’audience du 19 août a débuté par un rappel important du commissaire du gouvernement, qui a réaffirmé que l’État est civilement responsable des actes commis par ses agents, notamment ceux opérant au sein de la DGRE. Cette déclaration a immédiatement mis en lumière les enjeux de ce procès, où l’État est indirectement mis en cause pour les actions de ses représentants. Le tribunal a ainsi rejeté les demandes de sursis déposées par plusieurs parties, confirmant que le procès se poursuivra sans interruption malgré les recours en cassation auprès de la Cour suprême.

Un des moments forts de cette audience a été la décision du tribunal de retirer à la DGRE sa qualité de partie civile. Cette décision, perçue comme une victoire par les avocats de la défense, notamment pour maître Jacques Mbuny, soulève des questions sur le rôle de la DGRE dans cette affaire. Selon Me Mbuny, la DGRE, en tant que service étatique, ne peut pas à la fois se poser en victime et en responsable civil dans le cadre de ce procès. Cette décision marque un tournant stratégique, car elle impose à la DGRE une position de responsabilité dans l’issue du procès.

Vers une responsabilisation de l’État

Pour la défense, cette décision est cruciale car elle ouvre la voie à une potentielle condamnation de l’État, en sa qualité de responsable des actions de ses agents. Me Mbuny a souligné que toute condamnation qui pourrait survenir impliquerait directement la DGRE, renforçant ainsi l’idée que l’État ne peut se soustraire à ses responsabilités dans cette affaire. De son côté, Me Seri Zokou, avocat de l’ancien directeur de la DGRE, Maxime Eko Eko, a exprimé son désarroi face à cette décision, estimant que le tribunal aurait dû accorder un sursis en raison du pourvoi en cassation déposé à la Cour suprême.

La suite du procès le 9 septembre 2024

L’affaire, qui dure depuis plus d’un an, ne semble pas près de trouver son épilogue. Le procès est renvoyé au 9 septembre 2024, date à laquelle les débats devraient enfin s’ouvrir. Cette date est attendue avec impatience, tant par les familles des victimes que par les observateurs, qui espèrent voir enfin la lumière sur ce meurtre qui a secoué le Cameroun et au-delà. Ce report laisse présager de nouveaux rebondissements, alors que les parties en présence affinent leurs stratégies pour les prochaines étapes du procès.

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