Les autorités marocaines ont ordonné mercredi l’ouverture d’une enquête suite aux révélations du philosophe Luc Ferry, qui a affirmé qu’un ex-membre du gouvernement français a eu des relations pédophiles au Maroc. Jusqu’à présent, il refuse de dévoiler son nom.
La chasse à l’homme est engagée. Les autorités marocaines ont décidé mercredi de se saisir de l’affaire Luc Ferry et d’ouvrir une enquête suites aux propos de l’ancien ministre de l’Education qui a révélé le 30 mai dernier sur Canal+ qu’un ancien responsable du gouvernement français a été interpellé à Marrakech au cours d’une partie fine avec de jeunes garçons. « Notre pays n’a aucune forme de complaisance à l’égard de ce que l’on pourrait appeler le tourisme sexuel. Les propos de Luc Ferry ont provoqué une vive émotion dans notre pays. Il est donc normal que le gouvernement ouvre une enquête. La justice va faire son travail », a assuré, jeudi matin sur Europe 1, Nouzha Skalli, la ministre marocaine du Développement social, de la Famille et de la solidarité. « Nous attendons les résultats de l’enquête et il n’y aura aucune tolérance à ce niveau », a-t-elle ajouté.
L’association « Touche pas à mon enfant » monte au créneau
Face à la situation, les associations marocaines ne sont pas restées de marbre. La présidente du collectif « Touche pas à mon enfant », Najat Anwar, en séjour à Paris, est particulièrement active. Elle s’est dite très satisfaite de cette décision prise par le gouvernement marocain. « C’est une mesure très rassurante, dont nous prenons acte. Nous attendons du gouvernement français qu’ils soit d’avantage impliqué », a-t-elle confié à Afrik.com. Selon elle, « la France et le Maroc entretiennent de bonnes relations, et les petits Marocains doivent être considérés et respectés comme le sont les enfants en France ». Elle estime que les autorités marocaines progressent en matière de lutte contre le tourisme sexuel. Elle donne l’exemple d’un Espagnol, qui a écopé récemment de 30 ans de prison à Sinatra, après avoir été pris en flagrant délit ».
Une plainte contre x
L’association se bat également pour que Luc Ferry soit entendu comme témoin. Ce dernier n’a toujours pas révélé le nom du ministre qu’il met en cause. Najat Anwar a dénoncé son attitude, lors d’une conférence de presse qu’elle a donnée mercredi à Paris. « Ce n’est pas normal de donner cette information sans dire qui est la personne concernée », a-t-elle affirmé. « Il a évoqué ces faits de façon très normale. Ce n’est pas un jeu de cartes entre adultes, il s’agit d’enfants », a-t-elle déploré. « Il faut que la vérité éclate dans cette affaire. Luc Ferry en a trop dit ou pas assez. Pour l’instant, il en a plutôt pas dit assez », a justifié de son côté, l’avocat français de l’association, Jean Chevais. Il estime que l’ancien ministre en sait beaucoup plus qu’il ne veut le dire et qu’il ne peut pas lancer cette accusation à la légère.
Bien décidé à faire sortir le philosophe de son mutisme, « Touche pas à mon enfant », a déposé plainte contre x ce mercredi à Paris, après avoir fait de même vendredi à Marrakech. Elle devrait être jointe à l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris le 1er juin. Luc Ferry a été brièvement auditionné vendredi dernier par la brigade de protection des mineurs (BPM) de la police judiciaire (PJ) parisienne. Il a réitéré les mêmes propos qu’il avait rapportés à la télévision, selon des sources proches de l’enquête. Ce scandale pourrait bien devenir une affaire d’Etat, si une issue n’est pas trouvée au plus vite.
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