En qualité de témoins, Simone Gbagbo, l’épouse du Chef de l’Etat ivoirien, et Paul-Antoine Bohoun Bouabré, ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement, devraient s’expliquer jeudi devant la justice française dans l’enquête sur la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer. Leur venue à Paris reste cependant incertaine car, selon leurs avocats, nulle convocation ne leur serait parvenue.
Quatre ans se sont écoulés depuis la disparition en Côte d’Ivoire du journaliste Guy-André Kieffer. Mais la justice française ne lâche rien. La Première dame de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo et Paul-Antoine Bohoun Bouabré, ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement, ont été convoqués à Paris pour être entendus jeudi comme témoins, a-t-on appris mardi de source judiciaire. Comme M. Bouabré, Mme Gbagbo ne jouit pas de l’immunité dont bénéficie son mari, Laurent Gbagbo.
Cependant, les convocations risquent de ne pas être suivies d’effet. Les avocats des deux proches de la présidence ivoirienne ont démenti avoir reçu l’invitation du juge Patrick Ramaël. Leur venue en France reste donc incertaine alors que le magistrat est persuadé de leur implication, même indirecte, dans la disparition du Franco-Canadien. Et ce bien que Mme Gbagbo a toujours affirmé n’être mêlée en rien dans cette affaire.
Mme Gbagbo impliquée ?
Un témoignage vient contredire les dires de Mme Gbagbo. Selon le témoin ivoirien Berté Seydou M. Kieffer, qui enquêtait sur les opérations de malversations de la filière cacao en Côte d’Ivoire, a été enlevé le 16 avril 2004 par un commando, composé d’anciens membres d’une milice proche du président ivoirien. Le journaliste aurait été assassiné quelques jours plus tard dans un lieu inconnu.
Et le chauffeur de taxi du chef présumé du commando, Jean-Tony Oulaï, va plus loin dans ses allégations. Il affirme que M. Oulaï a eu une conversation téléphonique avec Mme Gbagbo au moment de l’enlèvement. Concernant M. Bouabré, ministre des Finances au moment des faits, M. Legré serait passé au bureau du ministre dans l’après-midi qui a suivi le rapt et son directeur de cabinet lui aurait remis une grosse somme d’argent. Depuis, M. Oulaï comme M. Legré ont été mis en examen pour « enlèvement et séquestration ». La thèse de l’assassinat politique reste l’hypothèse la plus tangible aujourd’hui, même si le corps du journaliste n’a jamais été retrouvé.
L’affaire de la discorde franco-ivoirienne
L’enquête met à mal, depuis quatre ans, les relations franco-ivoiriennes. Alors que les juges français chargés de l’instruction de l’affaire entendent maintenir la pression sur Abidjan, la famille du journaliste, qui se déclare satisfaite des convocations, craint que le rapprochement diplomatique entre la France et la Côte d’Ivoire n’ait un impact négatif sur l’avancée du dossier. Malgré une « implication plus nette de la France qu’à une certaine époque », Bernard Kieffer, frère du disparu, confiait mardi à France 24 sa crainte de voir « cette affaire (…) liquidée sur l’autel de la réconciliation entre la France et la Côte d’Ivoire ». Jeudi devrait être une journée test pour les relations franco-ivoirienne.
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