Affaire Fourniret : l’incroyable histoire de Marie


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Marie a témoigné lundi devant la cour d’assises des Ardennes (France) contre Michel Fourniret, jugé pour meurtres et viols. La jeune Belge d’origine burundaise a raconté comment, alors qu’elle n’avait que treize ans, elle a pu échapper à l’accusé et ainsi permettre son arrestation.

Marie a témoigné de dos. Pour protéger son anonymat. Mais à plusieurs reprises la jeune Belge d’origine burundaise a fixé Michel Fourniret, qui comparaît devant la cour d’assises des Ardennes (Nord-Est de la France) pour sept meurtres et plusieurs viols. Elle voulait lui montrer qu’il ne lui faisait plus peur et qu’elle était déterminée à raconter ce qui lui était arrivé le 26 juin 2003, dans la ville belge de Ciney (Sud).

« J’ai confié ma route à la vierge Marie »

Alors qu’elle s’en va faire une course à pieds, une camionnette blanche s’arrête à sa hauteur. Son occupant, Michel Fourniret, lui demande le chemin d’un lieu-dit. Elle connaît l’endroit et l’accusé, qui se présente comme un « professeur de dessin », lui propose de monter à bord de sa Citroën C25. Devant son hésitation, l’adolescente conte que Michel Fourniret lui a opposé un : « Ce n’est pas bien de ne pas faire confiance. Je suis un bon père de famille, tu sais ».

« Avant de monter, j’ai confié ma route à la vierge Marie. J’ai dit, « Marie, passe devant » pour qu’il ne m’arrive rien. J’ai commencé à prier dans mon cœur », se rappelle la jeune femme de 17 ans. Elle finit ligotée avec des liens de cuir à l’arrière du véhicule. « Je lui ai demandé : « Pourquoi tu fais ça ? « , il a dit : « Tu dois me donner du plaisir, autrement tu ne rentreras pas ». J’étais étonnée, je ne savais pas jusque-là ce qu’il voulait faire de moi ».

« Je suis pire que Marc Dutroux »

Affolée, elle crie et prie. Michel Fourniret l’aurait alors étranglé en lui lançant : « Si tu cries, je te tue ». Pire, lorsque Marie lui demande s’il fait partie du réseau de pédophiles de Marc Dutroux, il lui répond : « Je suis pire que Marc Dutroux ».

Marie parvient à défaire ses liens avec ses dents et à ouvrir de l’intérieur la camionnette. Quand cette dernière s’arrête, elle descend, court, hèle des automobilistes. Une femme fait monter Marie. Les deux femmes filent au commissariat et croisent en route la Citroën C25. Elles relèvent le numéro d’immatriculation qui permettra plus tard à la police belge de mettre la main sur le tueur présumé des Ardennes.

Fourniret, le sadique

A la fin de son récit, l’avocat général Francis Nachbar a salué le courage de Marie : « Mademoiselle, vous avez été beaucoup plus forte que lui. Vous avez eu beaucoup de sang-froid. Vous avez sauvé la vie de beaucoup d’autres jeunes filles. Je vous félicite ». Michel Fourniret n’a pas partagé l’enthousiasme de Francis Nachbar. Il est resté impassible, les yeux clos, comme endormi.

A chaque question posée, l’« ogre des Ardennes » a répété qu’il ne livrerait des détails sur les meurtres – qui auraient été commis avec la complicité de sa femme, Monique Olivier, qui comparaît aussi – que si le procès se tenait à huis clos. On retiendra tout de même un cynique : « Je suis convaincu que vous avez la réponse à cette question, vous qui semblez bien me connaître ».

Michel Fourniret répondait ainsi à une question de Francis Nachbar sur une lettre que le meurtrier présumé a envoyée en 2005 à son fils, qui lui avait demandé ce qu’il aurait fait de Marie si elle n’avait pu lui échapper. « Il est évident, avait-il écrit, que je lui aurais arraché les yeux et les membres vivante avec une infinie jouissance. Marie incarne une pureté sobre, je m’en empare. (…) J’aurais préféré évidemment lui infliger de lourdes souffrances, des tortures morales et physiques ». Le verdict de l’affaire est attendu courant mai.

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