Affaire du bébé volé : La diaspora camerounaise et le test d’ADN s’en mêlent


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Des prélèvements en vue des tests d’ADN ont été effectués sur la maman du bébé déclaré volé au moment où l’enquête est confiée à de nouvelles unités de police, cela sous la pression des actions multiples des camerounais résidents sur place et à l’étranger.

Encore et toujours des rebondissements dans l’affaire du « bébé volé » à l’hôpital gynéco-obstétrique de Yaoundé depuis le 20 août 2011. Vendredi dernier, des éléments de la police ont extrait de force Vanessa Tchatchou, la mère de ce bébé, de son lit d’hôpital pour la conduire dans le bureau du directeur de l’hôpital. Ici des infirmiers appuyés par les policiers ont effectué sur la jeune mère des prélèvements de salive, affirme-t-on, pour lui effectuer des tests d’ADN.

Une déclaration de la commission indépendante contre la corruption et la torture (Comicodi) publiée ce lundi fait le point sur l’affaire. On y apprend que suite à des instructions nouvelles en provenance de la présidence de la République, de nouvelles équipes sont désormais chargées de l’enquête. « Les enquêtes sont dorénavant menées par des équipes conjointes de la police judiciaire et de la délégation générale de la recherche extérieure, sous le contrôle direct et permanent des chefs de ces organes de l’Etat, et sous la haute supervision du Secrétaire général de la présidence de la République », précise la déclaration du Comicodi.

Cette organisation de la société civile ajoute que les prélèvements effectués de force sur Vanessa Tchatchou faisaient suite à une réquisition du procureur de la République demandée et obtenue par la police judiciaire. « La présence de l’avocat de la famille n’a pas été acceptée, la police ayant décidée de faire prévaloir des instructions urgentes de la haute hiérarchie et de la justice ».

Il s’agit là d’un nouveau rebondissement dans cette affaire qui fait les choix gras de la presse. En effet, quelques jours auparavant le ministre de la communication et porte parole du gouvernement avaient réuni la presse pour donner la version du gouvernement. On avait alors appris que le bébé disparu avait été enlevé par un couple résident à Yaoundé. Qu’interpellé et gardés à vue, le couple s’est miraculeusement évadé après voir reconnu les faits et affirmé que le bébé était mort et enterré à Nkoteng, non loin de Yaoundé.

« Au cours des investigations, une certaine dame, magistrate de profession, suspectée comme étant celle qui détenait le nouveau né enlevé s’est spontanément présentée à la Direction de la police judiciaire où elle a produit des documents sur la base desquels elle a adopté un enfant de sexe féminin abandonné, qui est né le 13 août 2011 à l’hôpital central de Yaoundé » avait alors ajouté le ministre de la communication, avant de conclure que « Dans le but de bannir toute équivoque sur la situation de cet enfant, le ministre des affaires sociales a reçu à son cabinet l’équipe d’enquête en présence de la susdite magistrate qui, au cours de l’entretien conduit à cette occasion, a rejeté la suggestion du directeur de la police judiciaire consistant à soumettre l’enfant qu’elle dit avoir adopté au test ADN ».

Une déclaration du porte parole du gouvernement qui avait tout de suite soulevé l’indignation de nombreux camerounais qui avaient tôt fait de crier au « mensonge d’Etat »

Marches pacifiques, boycott du 11 février et du 08 mars

L’action des hommes de médias va alors s’intensifier. La société civile et des hommes politiques déjà très actifs vont redoubler de dénonciation et d’appel au retour du bébé de Vanessa. Les cris de la jeune mère déjà considéré comme une héroïne (elle occupe depuis six mois la maternité de l’hôpital où son bébé a été volé et refuse de s’en aller sans ce dernier) feront écho en dehors du Cameroun.

Les camerounais de la diaspora appuyés par d’autres africains iront jusqu’à exprimer leur indignation à travers une manifestation vendredi dernier non loin de l’ambassade du Cameroun à Paris. Des groupes de soutien et de discussion ont été créés sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Des sites et des blogs en vue du soutien à Vanessa Tchatchou pullulent sur Internet.

Sur place au Cameroun, des manifestations sont légions devant le centre hospitalier incriminé où des journalistes et quelques activistes ont été interpellés. A Douala, une marche pacifique a été interdite. Une pétition qui circule sur Internet enregistre chaque jour de nombreux signataires pendant que de nombreuses personnes dont des leaders d’opinion de sexe féminin appellent au boycott de la fête de la jeunesse prévue le 11 février et de la journée internationale des femmes du 08 mars. « Pas de 11 février et de 08 mars sans le bébé de Vanessa » n’est-il pas désormais le nouveau slogan de lutte ?

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