La femme de chambre qui affirme avoir été violée par Dominique Strauss-Khan est sortie de son silence pour la première fois depuis le 14 mai, jour de son agression présumée. Nafissatou Diallo a accordé une interview au magazine américain Newsweek parue ce lundi et un entretien à la chaîne de télévision ABC News.
Une semaine avant l’audience du 1er août, la victime présumée de Dominique Strauss-Khan s’est publiquement exprimée pour la première fois. Elle a accordé une interview parue ce lundi au magazine américain Newsweek, ainsi qu’un entretien à l’émission « Good Morning America » de la chaîne américaine ABC News. L’entretien sera diffusé dans son intégralité mardi soir lors de l’émission « Nightline ».
Nafissatou Diallo a expliqué pourquoi elle a décidé de se « monter en public ». « Je le dois, pour moi-même, je dois dire la vérité », a affirmé la femme de chambre du Sofitel. Elle reconnaît avoir fait des « erreurs », mais qui ne doivent pas empêcher la tenue d’un procès. La Guinéenne de 32 ans a décrit dans le détail ce que lui aurait infligé l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI).
« A cause de lui, on me prend pour une prostituée »
« Bonjour, service de chambre ». C’est ainsi que Nafissatou Diallo se serait présentée en entrant dans la chambre 2806 de l’hôtel Sofitel de New York, après qu’un employé lui a assuré que la suite de Dominique Strauss-Khan était vide, déclare la jeune femme. C’est alors qu’un « homme fou, nu et à la chevelure grise » est apparu, affirme l’employée du Sofitel qui se serait empressée de s’excuser. « Vous n’avez pas à être désolée », aurait répondu l’éminent homme politique français avant de violemment l’agripper à la poitrine, prenant soin de refermer la porte de la chambre, raconte la victime présumée.
Dominique Strauss-Khan l’aurait poussé « brutalement sur le lit » et tenté de lui imposer une fellation, alors qu’elle essayait de résister, arguant qu’elle ne voulait pas perdre son emploi. « Vous n’allez pas perdre votre travail », lui aurait répondu le potentiel candidat à la présidentielle française. « Regardez, ma supérieure est juste ici », aurait affirmé Nafissatou Diallo pour faire peur à son agresseur présumé. DSK aurait répondu qu’il n’y avait personne et que personne n’entendrait.
L’ancien patron du FMI l’aurait par la suite entraîné dans la salle de bain, relevé son uniforme, déchiré son collant et lui aurait de nouveau imposé une fellation en disant : « Suce ma… je ne veux pas le dire», déclare Nafissatou Diallo. « A cause de lui, on me prend pour une prostituée», a déploré la Guinéenne. « Je veux qu’il aille en prison. Je veux qu’il sache qu’il y a des endroits où on ne peut pas utiliser son pouvoir, où on ne peut pas utiliser son argent », s’est-elle écriée.
Des entretiens pour « enflammer l’opinion publique » selon les avocats de DSK
Les journalistes de Newsweek Christopher Dickey et John Solomon qui ont recueilli le témoignage de Nafissatou Diallo dressent un portrait nuancé de la victime présumée. Ils la décrivent comme une femme pas « très glamour ». « Sa peau est marquée de ce qui semble être des cicatrices d’acné, ses cheveux sont teints au henné, lissés et détachés, mais elle a une silhouette très féminine », écrivent-ils.
Les journalistes notent que le visage de Nafissatou Diallo est marqué par une certaine mélancolie. La femme de ménage ne saurait ni lire ni écrire. Elle n’aurait que peu d’amis proches et certains des hommes qu’elle a eu à fréquenter ont abusé de sa confiance, expliquent Christopher Dickey et John Solomon. Ils mentionnent également qu’ « occasionnellement, lorsqu’elle pleurait, il y avait des moments où les larmes semblaient forcées », sans pour autant remettre en question son récit.
Benjamin Brafman et William Taylor, les avocats de Dominique Strauss-khan ont vivement réagi dimanche à l’annonce de l’interview de Nafissatou Diallo. Selon eux, l’accusatrice cherche à « enflammer l’opinion publique ». Ce comportement de la part d’avocats est non-professionnel et viole les règles fondamentales du comportement professionnel des avocats », ont-ils affirmé dans un communiqué. Me Brafman et Me Taylor ont déclaré que Nafissatou Diallo « est la première accusatrice de l’histoire à mener une campagne médiatique pour persuader un procureur de maintenir les charges contre une personne auprès de qui elle espère obtenir de l’argent ».