
Mardi 11 mars 2025, le Tribunal de première instance de Cotonou a ouvert l’un des procès les plus emblématiques de l’histoire judiciaire béninoise : l’affaire Pierre Urbain Dangnivo. Ce cadre du ministère de l’Économie et des Finances, syndicaliste et militant de l’opposition, a disparu le 17 août 2010 dans des circonstances troubles.
Quinze ans plus tard, la justice tente d’élucider un dossier marqué par des accusations de manipulation, de pression politique et de faux aveux.
Une audience sous haute tension
Dès l’ouverture de l’audience à 10h44, la tension était palpable. La salle était comble, avec la famille de la victime, les avocats de la défense et de la partie civile, ainsi que des observateurs internationaux présents pour suivre les débats. Les deux accusés, Codjo Cossi Alofa et Amoussou Donatien, sont apparus en tenue de détenus, sous une surveillance stricte. La cour a rappelé les débats antérieurs et a insisté sur les garanties d’un procès équitable pour les accusés. Mais les premières déclarations ont vite créé un climat explosif.
Des aveux forcés et des promesses trahies
Codjo Cossi Alofa, le premier accusé à prendre la parole, a nié toute implication dans la disparition de Dangnivo. Il a affirmé avoir été contraint d’avouer un crime qu’il n’a pas commis. Une déclaration faite en échange de la promesse d’une somme de 25 millions de FCFA et d’une libération anticipée. Selon lui, ces promesses n’ont jamais été tenues et il a été manipulé par des figures influentes de l’époque.
Son co-accusé, Amoussou Donatien, a apporté un témoignage encore plus accablant. Il a déclaré avoir été impliqué, bien malgré lui, dans des missions secrètes sous les ordres du colonel Koumassegbô, alors chef de la sécurité présidentielle. Il a révélé avoir été récompensé pour certaines tâches secondaires, mais a nié tout rôle actif dans la disparition de Dangnivo.
Des révélations troublantes sur fond de pressions politiques
L’audience a pris une tournure encore plus dramatique lorsque la partie civile a demandé des précisions sur les fonds reçus par les accusés. Donatien a affirmé avoir bénéficié de traitements de faveur pendant son incarcération. Ceux-ci incluent des visites privées, des cadeaux et même des sorties nocturnes financées par des personnalités influentes.
L’affaire a pris une nouvelle dimension avec la mention des tests ADN demandés par la famille de Dangnivo. Ces tests pourraient remettre en cause l’identification du corps retrouvé en 2010. Les résultats de ces tests ne sont pas encore connus et pourraient ajouter une part de mystère à cette affaire déjà complexe. Après une journée marquée par des déclarations fracassantes, la séance a été suspendue à 16h58.