La condamnation récente de sept collaborateurs de l’ex-homme d’affaires français Jacques Bouthier est un marqueur dans la lutte contre l’exploitation sexuelle au Maroc. Cette affaire a révélé un réseau présumé de prédation au sein de la filiale marocaine d’Assu 2000.
La justice marocaine a prononcé des peines sans précédent, allant jusqu’à plusieurs années de prison ferme pour les accusés. Les victimes ont obtenu des indemnisations conséquentes, certaines atteignant 5 millions de dirhams.
Comme l’a souligné Me Aïcha Guellaâ, présidente de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV), lors du procès, les accusés ont été reconnus coupables de « traite d’êtres humains » et « harcèlement sexuel ». Les témoignages des victimes, rapportés par l’avocate, sont glaçants : harcèlement sexuel, messages indécents, licenciements abusifs, voyages organisés à l’étranger dans un but clairement sexuel… Ces pratiques, selon Me Guellaâ, s’inscrivaient dans un système mis en place par Jacques Bouthier et ses collaborateurs pour exploiter la vulnérabilité de jeunes femmes.
Un système de prédation sophistiqué
L’enquête a mis au jour un système d’exploitation élaboré, utilisant la hiérarchie pour exercer des pressions sur les employées. Les témoignages recueillis révèlent un environnement de travail toxique, caractérisé par le harcèlement, les humiliations et les violences psychologiques. Ces pratiques auraient été systématisées et encouragées par la direction.
Cette affaire a déclenché un débat national sur les violences sexuelles et le harcèlement au travail. Elle a mis en lumière les lacunes du système judiciaire marocain et la nécessité de renforcer la protection des victimes. Les associations féministes saluent ces condamnations tout en appelant à des réformes plus profondes et les autorités marocaines sont sous pression pour démontrer leur détermination à lutter contre l’impunité et à garantir une justice équitable pour tous..
L’affaire Bouthier pourrait marquer un tournant dans la lutte contre l’exploitation sexuelle au Maroc. Elle doit encourager d’autres victimes à s’exprimer et inciter les autorités à renforcer le cadre juridique.