Le juge militaire Florent Aimé Sikati II Kamwo a donné de la voix s’agissant de l’autorisation de remise en liberté des deux principaux accusés dans l’affaire du meurtre de Martinez Zogo. Il ne reconnaît pas avoir pris une telle décision.
Au Cameroun, c’est la confusion totale qui règne au sujet du dossier de remise en liberté de Jean-Pierre Amougou Belinga et Maxime Eko Eko, principaux accusés dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. Vendredi soir, alors que l’information selon laquelle le document, qui a fait le tour de la presse, était un faux a commencé par être relayé, les avocats des concernés sont montés au créneau pour manifester leur indignation.
Parlant au nom de ses collègues, Me Seri Simplice Zokou fulminait presque : « Nous réagissons, je dirai, assez mal et avec beaucoup de stupéfaction. Pour le moment, nous nous retenons de faire part d’autres émotions. Pour nous, la réalité, c’est que ce matin [vendredi 1er décembre 2023, ndlr], une décision été rendue par M. le juge d’instruction qui prononça la main levée de la détention provisoire de notre client et ordonne sa mise en liberté. Cette décision a été notifiée physiquement à mes collègues de l’équipe de défense. Et cela a été fait en plus en présence d’au moins cinq personnes. La remise de cette décision a été suivie d’une décharge », avait-il déclaré.
L’avocat n’a pas caché son incrédulité face à une situation à laquelle il n’avait jamais assisté, depuis le début de sa carrière. Il a alors indiqué attendre une notification pour s’assurer que la nouvelle était avérée. C’est désormais chose faite.
Le juge dément avoir ordonné la libération des prévenus
Selon le média Camerounweb, le juge, lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo, est enfin sorti de son mutisme, ce samedi. Et c’est pour apporter un démenti formel à l’information qui a mis en émoi tout le Cameroun, pendant la journée du vendredi. Il ne reconnaît, à aucun moment, avoir signé une quelconque ordonnance autorisant la remise en liberté de Jean-Pierre Amougou Belinga et de Maxime Eko Eko. Pour le magistrat, les accusés ne sauraient être libérés sans qu’une enquête approfondie soit menée et ait livré ses résultats.
Des questions en suspens
Le juge ayant refusé, avec force, avoir ordonné la remise en liberté des deux hommes, qui est alors le véritable auteur du document prétendument signé par lui ? Comment une décision notifiée physiquement à une équipe d’avocats peut-elle être basée sur un faux document ? Et pourquoi avoir attendu tard dans la soirée pour déclarer le document faux alors même qu’il circulait depuis la matinée ? Y a-t-il eu un rétropédalage ? Trop de questions qui ne sauraient livrer tout de suite leurs réponses. Dans tous les cas, l’opinion publique camerounaise et internationale se retrouve dans un cas de figure de la parole du juge contre celle des avocats des concernés. Ce qui est certain, c’est que les Camerounais n’attendent qu’une seule chose : la manifestation de la vérité dans l’affaire de l’assassinat crapuleux de Martinez Zogo.