Le séisme n’a pas épargné les orphelinats en Haïti. Au lendemain de l’arrivée d’un groupe de 33 enfants, des centaines de personnes se sont réunis samedi, à Paris. Au nom de l’urgence sanitaire, les associations des familles sollicitent une accélération des transferts. Mais les autorités répondent avec la plus grande prudence, cherchant un équilibre entre d’un côté, des familles adoptantes, et de l’autre, des associations qui craignent les abus.
Le début de la vie commence. Un premier groupe de 33 enfants, sur les 276 en possession du jugement d’adoption, est arrivé vendredi, à Paris. Au lendemain de cette première venue, environ 300 personnes, essentiellement des parents adoptants, se sont réunies samedi devant le ministère des Affaires étrangères pour demander le rapatriement de l’ensemble des enfants en cours d’adoption.
Alarmées par les risques sanitaires, les familles adoptantes ont installé des bouteilles d’eau pour dire que leurs enfants ont soif. Des orphelinats n’ont plus d’électricité et des enfants survivent dans des conditions déplorables, dormant parfois dans la rue.
Mais la question de l’évacuation des enfants, qui étaient en cours d’adoption, fait débat et les autorités ne relâchent pas la vigilance dans les procédures d’adoption afin d’éviter tout excès.
276 orphelins devraient être rapatriés vers la France à condition que les dossiers soient complets, qu’ils aient reçu l’agrément des autorités haïtiennes et que les enfants possèdent visa et passeport. «Ceux-là, les 276, nous allons les rapatrier en France le plus vite possible. Quant aux autres, nous nous en occuperons un par un avec toute l’attention nécessaire», a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Au total, 900 familles en France ont déposé un dossier pour demander le rapatriement de leurs enfants, selon le Quai d’Orsay.
Des risques de trafics d’enfants
Face aux demandes pressantes, c’est avec prudence que les organisations et associations réagissent. Selon le groupe de pression Défense des enfants international (DEI), « un désastre humanitaire comme le séisme d’Haïti ne doit pas être une raison pour s’affranchir des garde-fous essentiels à la sécurité d’une adoption ».
« Toute précipitation pourrait être dommageable en raison de la situation d’extrême confusion due à l’ampleur de la catastrophe », a déploré l’Unicef mardi, avant de rappeler que « tous les orphelins ne sont pas adoptables et tous ne sont pas nécessairement abandonnés ».
«Sous le bon prétexte de sauver des enfants, il ne faut pas qu’on soit accusé d’enlèvement», a mis en garde Bernard Kouchner. L’affaire de « l’Arche de Zoé » est encore dans les esprits. Plusieurs membres de l’Association avaient été arrêtés au Tchad en 2007 alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer illégalement 103 enfants vers l’Europe.
Dans les cas comme celui d’Haïti, des réseaux s’organisent et se précipitent sur l’occasion pour ramasser les enfants. « Ils sont victimes d’adoptions illégales et autres trafics plus graves. Haïti n’a pas adopté la convention de la Haye, ce qui rend le travail avec les autorités haïtiennes d’autant plus difficile», dénonce DEI.
L’enjeu est important des deux côtés étant donné que Haïti est le premier pays où les Français adoptent (740 enfants haïtiens adoptés en 2008 et environ 600 en 2009). Du côté haïtien, la moitié des adoptions sont faites par des Français.
La première urgence se trouve pourtant sur place. Apporter des soins et reconstruire les bâtiments restent les priorités à apporter. Avant d’extraire les petits Haïtiens, le pays doit retrouver un équilibre pour que les transferts se fassent dans de bonnes conditions.