Une décision historique de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) vient de rebattre les cartes dues accords commerciaux entre le Maroc et l’Europe. En excluant le Sahara occidental des accords commerciaux UE-Maroc, cette décision offre un répit inattendu aux producteurs européens de tomate.
Le secteur agricole européen, en particulier en Espagne et en France, traverse une période de turbulences intenses. Au cœur de ces tensions : la tomate marocaine, qui, après avoir longtemps été un produit phare sur les étals européens, est devenue le centre d’une guerre commerciale menaçant la survie des producteurs locaux. La récente décision de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) du 4 octobre 2024, annulant les accords commerciaux entre l’UE et le Maroc incluant le Sahara occidental, ajoute une nouvelle dimension à cette crise.
Une concurrence jugée déloyale et une clarification sur l’origine des produits
Les agriculteurs européens dénoncent depuis des mois une concurrence déloyale de la part du Maroc. Les coûts de production y sont considérablement plus bas en raison de conditions climatiques favorables et d’une main-d’œuvre peu coûteuse. Les accords de libre-échange entre l’UE et le Maroc avaient accordé des avantages douaniers aux produits marocains, incluant les tomates, ce qui les rendait plus compétitives sur le marché européen. Mais l’arrêt de la CJUE impose désormais d’une part que les populations locales soient incluent dans ces contrats commerciaux et d’autre part que les tomates et autres produits issus du Sahara occidental soient étiquetés en conséquence. Une décision saluée par les producteurs français qui sans être au fait de la problématique du peuple sahraoui lui est cependant désormais redevable.
En effet, face à l’afflux de tomates marocaines à bas prix, les producteurs européens peinaient à écouler leur production, ce qui met de nombreuses exploitations au bord de la faillite. Des milliers d’emplois sont menacés, et les manifestations d’agriculteurs, exprimant leur colère par des barrages routiers ou des actions de blocage, se sont multipliés ces derniers mois. Aujourd’hui, l’arrêt de la CJUE ouvre une possibilité de rééquilibrage du marché, en exigeant une différenciation claire entre les produits en provenance du Maroc et ceux du Sahara occidental, offrant ainsi une protection aux producteurs locaux.
Cette crise met en lumière les vulnérabilités d’une filière agricole européenne en mutation. Alors que les décisions juridiques récentes comme celle de la CJUE visent à aligner les pratiques commerciales sur le droit international, la mondialisation et les accords de libre-échange continuent de peser sur les modèles de production traditionnels.
Quelles solutions pour l’avenir ?
La tomate marocaine symbolise un conflit commercial et politique qui résonne au niveau européen. Les enjeux sont de taille pour les agriculteurs, les consommateurs et les décideurs politiques, dans un contexte où la justice internationale et les droits des peuples autochtones s’entremêlent avec les dynamiques de la mondialisation.
L’objectif des agriculteurs européen est double. D’abord que le consommateur achète en connaissance de cause, donc en connaissant l’origine du produit. Et en l’occurrence la CJUE a confirmé que le Sahara occidental est un territoire douanier distinct du Maroc. mais ensuite remettre en question les droits de douane favorable aux produits agricoles marocains afin de « rééquilibrer les relations commerciales sur le volet tomates entre le Maroc et l’Union européenne ».