Adama Dahico, à l’état civil Dolo Adama, ne cesse de clamer qu’il est un candidat sérieux. L’humoriste d’origine malienne brigue, aux côtés de 13 autres prétendants, la magistrature suprême en Côte d’Ivoire. Celui qui a longtemps sillonné les scènes d’Afrique de l’Ouest sous les traits du candidat fantasque du « Parti des ivrognes », se pose désormais en défenseur de ceux qui n’ont pas droit à la parole.
A quelques heures de l’ouverture du scrutin, Adama Dahico continuait de battre la campagne, jeudi, pour tenter de convaincre les derniers indécis. Après avoir incarné sur les scènes d’Afrique de l’Ouest le facétieux candidat du Doromikan (« Parti des ivrognes », en langue malinké), l’humoriste a sauté le pas. Il brigue désormais la magistrature suprême, aux côtés des 13 autres prétendants à ce scrutin sans cesse repoussé depuis 2005. Ce fils d’immigrés maliens, naturalisé ivoirien il y a quelques années, affirme qu’il ne s’est pas engagé dans la course pour apaiser les tensions, ni dans le but d’aider un candidat aux dépends d’un autre, mais parce qu’il est porteur d’un projet de société pour la Côte d’Ivoire. Entretien.
Afrik.com : Comment se passe cette fin de campagne ?
Adama Dahico : Cela se passe très bien. Nous sommes toujours sur le terrain, nous essayons de faire au mieux avec les moyens du bord.
Afrik.com : Ambitionnez-vous réellement de devenir président ou votre candidature est-elle seulement destinée à détendre l’atmosphère ?
Adama Dahico : D’abord, je suis un humoriste. Ensuite, je suis candidat à la présidentielle. Les milliards qu’aura le nouveau président entre les mains pour investir ne serviront à rien s’il ne trouve pas un climat apaisé. On ne peut qu’être favorable à des élections tranquilles. Mais nous avons aussi une vision, un projet de société pour la Côte d’Ivoire. Il n’y a pas de raison pour que ma candidature ne soit pas sérieuse. Durant cette campagne, les gens ont découvert une autre facette d’Adama Dahico, celle d’un candidat à la présidentielle.
Afrik.com : Pourquoi les Ivoiriens devraient-ils voter pour vous ?
Adama Dahico : Je suis le candidat de la majorité silencieuse, des gens qui n’ont pas droit à la parole. Je suis porteur d’un projet de société pour une Côte d’Ivoire d’excellence qui se construit dans l’union, la discipline et le travail. Un projet qui intègre, notamment, les principes de développement durable dans les politiques nationales.
Afrik.com : Une rumeur prétend que votre candidature est instrumentalisée par le camp Gbagbo dans le but de prendre des voix à Alassane Ouattara, très populaire dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Qu’en est-il ?
Adama Dahico : Je suis un fils d’immigré. Je n’ai aucun privilège dans le Nord. Mes électeurs sont partout dans le pays. Nous n’avons même pas les moyens d’imprimer des T-shirt pour les distribuer aux électeurs, et on appelle cela rouler pour quelqu’un ! Je ne roule pour personne. C’est dans la galère que nous sommes en train de parcourir le pays. Ceux qui disent cela n’ont aucune stratégie, aucun programme à proposer aux Ivoiriens.
Afrik.com : Vos origines maliennes ne posent-elles pas problème ?
Adama Dahico : Mes parents sont venus du Mali. Je suis né et j’ai grandi en Côte d’Ivoire. J’ai le droit du sol. J’ai effectué des démarches comme tout bon citoyen pour obtenir ma naturalisation. J’ai le droit d’être candidat aux élections présidentielles.
Afrik.com : Qu’est-ce qu’être Ivoirien selon vous ?
Adama Dahico : On peut être Ivoirien de père ou de mère, par adoption, par naturalisation, peu importe. Les gens ont imposé ce genre de débats dans la politique ivoirienne, sinon il n’existe pas de problème d’ivoirité dans la société ivoirienne.
Afrik.com : Un dernier mot ?
Adama Dahico : J’ai créé une association de Présidents fils d’immigrés. Il y a Barack Obama, Nicolas Sarkozy et, dans quelques heures, Adama Dahico !