L’historienne malienne Adam Bah Konaré, épouse de l’ancien chef de l’Etat Alpha Oumar Konaré, a indiqué dimanche à Bamako, au cours d’une conférence de presse, qu’il faut « rétablir la vérité des faits » face aux propos « révisionnistes », assimilables, selon elle, à des « poncifs » du président français Nicolas Sarkozy sur l’histoire africaine, le 26 juillet dernier à L’université Cheikh Anta Diop de Dakar, la capitale sénégalaise.
« Nous ferons feu de tout bois. Nous ne laisserons plus pernonne écorcher la mémoire de l’Afrique », a déclaré l’ancienne prémière Dame du Mali qui a déjà lancé un appel aux historiens du Continent pour la création très prochainement d’un « Comité de défense de la mémoire de l’Afrique (CMAD) » qui se veut, selon elle, un instrument de veille et de vigilance pour la sauvegarde de la mémoire du continent.
Mettant à l’index la « vision statique » et la « démarche manichéenne » de Nicolas Sarkozy sur l’Afrique et son histoire, l’ex-première Dame du Mali en appelle à la vigilance de ses confrères historiens afin que ceux qui sont interressés produisent un article au plus tard fin décembre 2007, en introduisant, « si nécessaire », des grilles de lecture comparatives avec d’autres sociétés pour un « raccordement juste et équitable à l’histoire universelle ».
Ce recueil, validé par un comité scientifique, fera l’objet d’un ouvrage collectif à paraître courant 2008 et sera versé dans le dossier du partenariat France/Afrique, envisage-t-elle. « Une fois le livre paru, les auteurs, pour ceux qui le désirent, se dissoudront avec moi dans un Comité de défense de la mémoire de l’Afrique (CMAD) », explique l’historienne.
Un appel à la vigilance
« Avec les propos de Sarkozy, nous avons été atteints dans notre dignité. Comment peut-on dire que l’Afrique est un continent immobile ? Il (le Président françias) ignore certainement que le premier humain a marché en Afrique. Il ignore que les sciences ont pris naissance en Afrique », ajoute Adam Bah Konaré, non sans dire qu’il faut « normatiser » la pensée africaine.
« Nous avons perdu notre mémoire faute de l’avoir entretenue. Nous avons souvent manqué de vigilance. Il nous faut maintenant monter la garde devant notre mémoire », a encore affirmé l’épouse de Alpha Oumar Konaré, dénonçant cette idée de la France que véhicule le président français, à savoir celle « généreuse, bienfaitrice qui aidera l’Afrique à sortir de l’ornière ».
« Si nous nous taisons, ce sera l’histoire qui nous jugera du haut de son tribunal. Si nous nous taisons, ce sera ne pas faire honneur à la mémoire de tous nos devanciers, parmi lesquels Joseph Ki-Zerbo et Cheikh Anta Diop, qui se sont lancés corps et âme dans la bataille de la réhabilitation de l’histoire africaine », insiste l’historienne Adam Bah Konaré.
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