Le Sénégal, comme beaucoup de pays du monde entier, célèbre, ce mercredi 18 août 2021, la Tamkharit ou Achoura, qui marque la nouvelle année du calendrier musulman. Cette fête, qui intervient un mois après la Tabaski ou Aid El-Kébir, est vécue de façon particulière dans ce pays dont 95% de la population est musulman. AFRIK.COM a vécu cette fête qui se poursuit jusqu’à ce jeudi 19 août.
C’est la fête du couscous au Sénégal et quasiment toute la population est concernée dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Si c’est une fête musulmane, les autres religions sont invitées à partager le repas de ce jour assez particulier. C’est d’ailleurs le cas lors de toutes les fêtes au Sénégal, où les religions concernées invitent les autres. Aussi, à Pâques, les musulmans sont-ils les invités des chrétiens ? Pour ce jour, coïncidant avec la Achoura, la place est réservée au couscous.
Très tôt le matin, c’est la queue au moulin, où les femmes font des pieds et des mains pour faire moudre le mil, afin de pouvoir préparer le couscous. Au moulin de Nguinth par exemple (un quartier de Thiès, à 70 km de Dakar), une queue d’une dizaine de mètres était observée ce mercredi matin. « Je suis là depuis tout juste quinze minutes, mais apparemment, ça va vite. Je pense que dans moins d’une demi-heure, mon tour viendra. D’habitude, il y a beaucoup plus de monde. Je crois que je pourrai rentrer tôt et préparer le couscous pour toute la famille », confie Fatou, la quarantaine, qui doit gérer une trentaine de personnes, belle-famille et voisins y compris.
C’est vers 13 heures que la préparation du couscous est enclenchée, avec la farine de mil qui est manuellement transformée en granulés, après un passage au tamis pour faire le tri. Une fois le mil transformé en granulés, il est passé à vapeur. Parallèlement, la sauce est en préparation. Tous les ingrédients y vont : viande, poulet, légumes et beaucoup d’épices. Une sauce à la tomate qui fait saliver plus d’un. « Mon mari n’aime pas beaucoup l’huile, donc avant se servir le couscous, j’écume et enlève tout le gras qui est au dessus de la sauce. Vous savez, avec le poulet et la viande, il y a une peu de gras, sans compter l’huile qu’on utilise dans la préparation », note la bonne dame, sourire au coin.
D’autres par contre, commandent leur couscous, pour diverses raisons. Et pour cette catégorie de personnes, Kiné Diouf est la spécialiste. Au domicile de cette quarantenaire, où AFRIK.COM s’est rendu, ce mercredi 18 août 2021, vers 18 heures, c’est la queue. Une centaine de commandes de couscous déjà préparé, sans la sauce, sont livrées. « Kiné, dépêche-toi, je suis pressée, mon mari m’attend dans la voiture », lance une dame qui venait récupérer sa commande. « Il va falloir patienter encore 10 minutes, madame Ndiaye, je suis désolée, j’ai accusé un peu de retard », réplique Kiné, au four et au moulin.
Pour cette journée particulière, celle qui est vendeuse de couscous au marché central de Thiès, avait besoin de main d’œuvre supplémentaire, car habituellement, elle a juste l’appui de ses deux filles. Ce mercredi jour d’Achoura, Kiné a sollicité le soutien d’une dizaine d’autres femmes pour pouvoir honorer ses engagements. « J’ai été faussée par ceux qui sont venus acheter du couscous, car je ne les avais pas pris en compte et je ne pouvais pas non plus décliner. Il fallait leur vendre du couscous, au risque de gâcher leur fête. Heureusement que j’ai assez de bras pour faire face à la demande », nous lance Kiné.
Les commandes livrées, la spécialiste de couscous est soulagée d’avoir pu honorer ses engagements. Dans quasiment toutes les maisons du Sénégal, le dîner est servi vers les coups de 21 heures, temps universel. Après le dîner, des séances de prières sont organisées autour du bol ayant contenu le repas. Place est par la suite faite à un festival, comme à l’accoutumée, avec les femmes déguisées en hommes et vice-versa. Les garçons aussi déguisés en filles. Dans leur tenue, ils font le tour des maisons pour offrir de l’animation, avec des tam-tams de fortune. Le tout en priant de pouvoir assister à cette commémoration, l’année prochaine.