Près d’un mois après l’Aïd el-Adha, le monde musulman célèbre Achoura, la fête du couscous, comme on l’appelle au Sénégal. Au moment où nous rédigeons ces lignes, les plats remplis de couscous circulent dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Couscous à base de maïs ou de mil, c’est l’ingrédient nécessaire pour la fête de ce jour, qui marque le début de la nouvelle année musulmane. Si pendant l’Aïd el-Kébir, c’est le mouton qui est sacrifié, pendant l’Achoura, c’est plutôt le poulet qui est utilisé pour agrémenter le buffet. Au marché central de Thiès, Meissa, vendeur de poulets, indique avoir fait de bonnes affaires. « Mais pas comme pendant les années précédentes. J’ai l’impression que les Sénégalais sont de plus en plus fauchés », indique le trentenaire, bonnet bien vissé sur la tête.
Conserver une partie du mouton
Le boucher, lui, a fait de bonnes affaires. Il confie que ses recettes durant cette période d’Achoura sont bonnes. « C’est un peu comme durant les précédente fête de Tamkharite. J’ai écoulé pas mal de carcasses de bœuf. J’ai aussi vendu beaucoup de carcasses de moutons. Beaucoup de mes clients préfèrent le mouton pour célébrer la fête de ce jour. D’ailleurs, il n’est pas rare de voir des Sénégalais conserver une partie de leur mouton de l’Aïd el-Adha pour la préparer pendant cette fête d’Achoura », confie Abdoulaye.
Occasion pour se faire de l’argent
L’Achoura est aussi bien vécue par les vendeurs de légumes. Modou Fall, qui occupe un étal sur les deux voies du marché central, ne se plaint pas. « Il n’y a que des occasions comme cette fête qui peuvent nous permettre de nous faire un peu d’argent. Car, on parvient à vendre en quantité. Il y a aussi que les prix de certaines denrées flambent pendant cette période.
Voir la recette du Couscous à la viande et au lait
Naturellement, cela nous permet d’augmenter notre marge », confie le jeune, la vingtaine. « Cela fait trois ans que je vends les légumes. Mais pour cette année, je ne me plains pas », lance-t-il tout joyeux.
« Comment peuvent-ils profiter de cette fête ? »
Si les vendeurs ne se plaignent, naturellement, les clients, eux, n’ont que leurs yeux pour pleurer. C’est le cas de cette femme croisée au marché. « Tout est cher ! », se lamente-t-elle. « On dirait que ce ne sont pas des croyants. Comment peuvent-ils profiter de cette fête, qui marque le début de l’année musulmane, pour augmenter les prix. C’est inadmissible », poursuit-elle. « Je pense que l’Etat doit sévir contre ces commerçant véreux, qui passent tout leur temps à faire monter les prix », lance cette cliente, la quarantaine, très remontée.
Vœux pour la nouvelle année
Malgré la conjoncture, rendue difficile par la guerre en Ukraine, chaque famille a su trouver de quoi passer une belle fête.
18 heures, les plus pragmatiques ont déjà préparé leur repas et commencent à servir. La belle-famille, les parents, proches et autres voisins d’une autre confession religieuse sont les premiers à être servis. Dans les rues du Sénégal, ce sont des bols remplis qui circulent.
20 heures, le repas est consommé en famille, autour d’un grand bol. Après le dîner, le bol est renversé au milieu de la cour avec le restant du couscous, souvent une ou deux poignées. Un à un, chaque membre de la famille vient faire ses vœux pour la nouvelle année qui commence.
Lire : Achoura ou Tamkharit, comment le Sénégal fête le couscous