Le bilan de l’accrochage qui a eu lieu samedi entre l’armée camerounaise et les pirates dans la région côtière de Bakassi, au sud-ouest du pays, s’alourdit. Il s’élève désormais à dix-neuf personnes. La patrouille maritime camerounaise avait pris en chasse deux embarcations à moteur après le braquage meurtrier d’une banque à Douala. Ce type d’incident se multiplie à Bakassi depuis sa rétrocession au Cameroun il y a trois ans.
Ce sont dix-neuf personnes, dont dix-huit pirates, qui ont été tuées samedi lors de entre l’armée camerounaise et les pirates dans la région côtière de Bakassi, selon de nouveaux chiffres rendus public mardi par la présidence camerounaise. Côté camerounais, c’est le chef de la patrouille qui a succombé à ses blessures lors d’une intervention chirurgicale dimanche, dans un hôpital de Douala, ont annoncé les autorités. Dans un premier temps, le gouvernement camerounais avait fait état de deux morts, un pirate et un militaire. « Quatre autres militaires blessés et évacués en même temps reçoivent encore des soins appropriés dans la même formation hospitalière », a indiqué, dans un communiqué, Laurent Esso, le secrétaire général de la présidence.
L’accrochage est survenu en mer samedi, alors que les soldats poursuivaient des individus soupçonnés d’être à l’origine du braquage dans la nuit à Douala, la capitale économique, d’une agence de la banque panafricaine Ecobank. Cinq personnes ont trouvé la mort lors de l’attaque, à l’arme lourde et à l’explosif, de cette banque. Les cambrioleurs auraient emporté 200 millions de FCFA (305 000 euros), selon le quotidien privé Le Jour, et 170 millions (259 163 euros) d’après le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune. Dans son communiqué, Laurent Esso a indiqué que deux suspects ont été interpellés à la suite de l’attaque de la banque.
Les pirates auraient pour base arrière le Nigeria voisin, d’où ils déclenchent leurs raids sur le territoire camerounais. « Dans la matinée du 19 mars, une patrouille maritime (de l’armée camerounaise) a intercepté deux embarcations suspectes dans les eaux territoriales camerounaises », a expliqué le communiqué.
Recrudescence
Région côtière et marécageuse de 1000 km2, la péninsule de Bakassi est devenue, depuis sa rétrocession définitive au Cameroun en août 2008, après 15 ans de conflit frontalier larvé avec le Nigeria, un repaire de groupes armés. Début février, quatre gendarmes camerounais y avaient été tués lors de deux attaques. Onze personnes dont le sous-préfet de l’arrondissement avaient été enlevées avant d’être libérées une dizaine de jours plus tard. Le quotidien Le Jour rappelle que le 12 novembre 2007, vingt-et-un soldats camerounais y avaient été tués par des assaillants non identifiés. Le Jour fait un rapprochement entre le braquage d’Ecobank de Douala qui a débouché à l’accrochage meurtrier de samedi, et l’attaque de plusieurs banque (Scb, la Sgbc et Amity Bank) de la ville de Limbé sur la côte camerounaise, fin septembre 2008. Même moyen de locomotion, mode opératoire. Les braqueurs s’étaient servis d’explosifs pour éventrer le coffre-fort. Ils avaient ouvert le feu sur les personnes susceptibles de les gêner, faisant un mort et plusieurs blessés. Ils étaient repartis par la mer, sur des embarcations à moteur. « Et à Douala, comme à Limbé, les forces de sécurité n’ont rien vu venir ! », conclut Le Jour.
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