Le 23 août 2014, le footballeur camerounais Albert Ebossé Bodjong s’écroule sur le terrain de la JS Kabylie. Victime d’un pavé jeté des tribunes ou passé à tabac ? A ce jour, les circonstance de son décès restent troubles.
Albert Ebossé Bodjongo était un footballeur camerounais né le 6 avril 1989, à Douala. Il évoluait au poste d’attaquant et avait joué à Coton Sport, Unisport Bafang et au Douala FC avant de partir, un an, en Malaisie. C’est par la suite qu’il arrive en Algérie, en 2013.
Albert Ebossé meilleur buteur du championnat d’Algérie 2013-2014
Inconnu lorsqu’il rejoint le club de la JS Kabylie, en 2013, Albert Ebosé va vite devenir un joueur fétiche de l’équipe. Dès sa première saison, avec le grand club algérien, il termine meilleur buteur du championnat, marquant 17 buts en 31 matchs.
Mais sa carrière s’interrompt le 23 août 2014. La JSK affronte alors l’USM Alger, au stade du 1er novembre de Tizi Ouzou. Pour cette 2e journée du championnat, les Canaris kabyles perdent devant le club de la capitale (1-2). Albert Ebossé est retrouvé inanimé dans le chemin qui mène au vestiaire.
Grièvement blessé, il est immédiatement transporté à l’hôpital où il décède. Sa mort est un choc pour la communauté du football qui redécouvre la violence dans les stades en Algérie.
Accident ou assassinat ?
Après avoir déclaré qu’il a glissé, puis fait une crise cardiaque, le président de la JFK est contredit par la justice algérienne qui tranche. La mort serait due à un projectile en métal lancé des tribunes. A priori par un supporter local mécontent de la défaite de son club. Albert Ebossé avait pourtant inscrit, sur penalty, le seul but de sa formation (28e).
La justice algérienne classe l’affaire au bout d’un mois. Un drame, mais un accident malheureux, dit-elle.
Mais dès le soir du match, la version officielle ne convainc pas tout le monde. Rapatrié au Cameroun, son corps, fait l’objet d’une contre-autopsie post-mortem. Pour les Docteurs Mouné et Fouda, experts en charge de l’analyse, celle-ci accrédite la thèse d’un passage à tabac. D’après eux, le joueur aurait reçu de nombreux coups.
C’est ce qu’ils déclarent au magazine SoFoot : « après examen des blessures, le scénario vraisemblable est qu’Albert Ebossé a été immobilisé de force. On lui a pris le bras gauche vers l’arrière et, en se débattant, son épaule s’est déboîtée. Il a dû se débattre et a reçu un coup sur le crâne, sur la calotte crânienne. Cela a fait vaciller les os de la base du crâne, d’où la présence de liquide céphalo-rachidien ».
Des zones d’ombre importantes
Comme le révélait à l’époque Afrik, de nombreuses incohérences émaillaient la rencontre. Les grilles ouvertes en seconde mi-temps, permettant aux supporters de sortir et revenir avec les pierres d’un chantier voisin. Mais aussi le tunnel d’accès au vestiaire qui n’a pas été déplié pour protéger la sortie des joueurs. Et enfin la tribune, au-dessus du tunnel, fermée depuis 10 ans, rouverte le jour du match ! Tout cela sans raison explicable.
Et au centre, on retrouve le sulfureux homme d’affaires Mohand Hannachi. Président de la JSK, de 1993 à 2017, celui qui a osé affirmer qu’Albert Ebossé avait glissé, puis que l’arbitre était le seul responsable de la mort du joueur en oubliant de siffler un penalty. Un président très contesté, dont les méthodes violentes sont connues.
Une enquête qui n’aboutit pas
Aux vues de ces nouvelles informations, fin 2015, le ministère algérien de la justice ouvre de nouveau une enquête. 6 ans plus tard, elle met en cause plusieurs responsables de la sécurité pour négligence. Mais n’apporte aucune lumière sur les circonstances exactes de la mort de l’international de football camerounais (6 sélections chez les jeunes). Une mort qui reste encore un mystère.