Accès à l’Atlantique : quand Rabat contourne le droit international, Alger met en garde


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Abdelmadjid Tebboune, Président d'Algérie
Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune

Alors que le Maroc multiplie les annonces autour de son « Initiative Atlantique », destinée à offrir un accès maritime aux pays enclavés du Sahel, l’Algérie observe avec une grande prudence ce projet perçu comme une tentative de consolidation de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en violation du droit international et des équilibres régionaux. Le déplacement récent des chefs de la diplomatie du Mali, du Niger et du Burkina Faso à Rabat, et leur adhésion à cette initiative, ont dévoilé les visées hégémoniques du royaume chérifien dans la région.

Le projet d’accès à l’océan Atlantique, bien que présenté comme un geste de solidarité régionale, s’inscrit dans une stratégie marocaine de normalisation de la colonisation du Sahara occidental, territoire non autonome inscrit par l’ONU comme devant faire l’objet d’un processus de décolonisation. L’ouverture prévue d’un nouveau poste-frontière entre le Maroc et la Mauritanie est perçue par de nombreux observateurs comme une tentative de créer un corridor destiné à renforcer ses prétentions territoriales, notamment en s’appuyant sur des pays gouvernés par des régimes militaires actuellement isolés sur le plan diplomatique.

L’Algérie, un acteur de paix et de justice face aux ambitions marocaines

Face à ces développements, l’Algérie réaffirme son soutien constant au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, tel que consacré par la légalité internationale. Alger considère que toute tentative de redéfinir la carte régionale sans le consentement des Sahraouis constitue une provocation susceptible d’engendrer une déstabilisation régionale. L’Algérie,forte de son influence et de son attachement au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, se positionne comme un acteur de paix et de justice face aux ambitions territoriales marocaines.

Le soutien affiché par Rabat aux régimes militaires sahéliens, au détriment d’un ordre constitutionnel plus inclusif et démocratique, suscite également des interrogations sur les intentions réelles du Maroc. Cette politique d’alignement avec les juntes de l’AES est perçue par Alger comme un calcul géopolitique visant à isoler davantage l’Algérie et à affaiblir le Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui.

Alger défend une solution politique négociée sous l’égide de l’ONU

La réaction du Front Polisario, qui a condamné le projet de poste-frontière maroco-mauritanien et mis en garde contre une possible escalade militaire, est une nouvelle preuve de la gravité des tensions que cette initiative risque d’aggraver. Le précédent de Guerguerat, en 2020, est encore dans les mémoires : des actions militaires avaient été déclenchées par l’occupation marocaine d’une zone tampon, violant les accords de cessez-le-feu et entraînant une riposte de la résistance sahraouie.

L’Algérie, loin de chercher l’escalade, continue de promouvoir une solution politique négociée sous l’égide de l’ONU, respectueuse du droit international et des aspirations des peuples de la région. Elle reste un pôle de stabilité dans un environnement troublé, et dénonce les tentatives d’un État de détourner les logiques de coopération pour asseoir un contrôle sur un territoire contesté. Pour Alger, la paix dans la région ne pourra être réelle que lorsque le peuple sahraoui aura exercé librement son droit à décider de son avenir, loin des pressions et des manipulations.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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