Aby Gaye est une basketteuse professionnelle. Elle est double championne d’Europe jeune et vice-championne du monde avec l’équipe de France. En dehors de ses activités sportives, elle est engagée sur le continent africain, notamment au Sénégal son pays d’origine où elle a fondé une Académie de basket, destinée aux jeunes filles. Une contribution énorme dans l’éducation et l’accompagnement des jeunes dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Ainsi, la basketteuse de 1,95m s’est confiée à AFRIK.COM. Dans cet entretien, celle que de nombreux jeunes basketteurs considèrent comme une source d’inspiration est revenue sur sa carrière, son engagement en Afrique et sa perception du basket sur le continent.
Entretien
Quand et comment votre intérêt pour le basket s’est-il confirmé ?
J’ai touché mon premier ballon à Créteil à l’âge de 12 ans. Après seulement quelques jours, l’entraineur de la ville a détecté que j’étais assez à l’aise et m’a proposé de rejoindre le club d’Orly pour accéder à un niveau supérieur. Ça s’est vraiment confirmé lorsque je suis entrée à l’INSEP et que j’ai intégré l’équipe de France jeune. L’INSEP réunit de grands champions de beaucoup de disciplines, on se côtoie tous au quotidien. C’est là que j’ai vraiment commencé à prendre les choses au sérieux. J’ai aussi fait connaissance avec des joueuses professionnelles, des joueuses de l’équipe de France, donc ça donne envie. Envie d’aller plus loin, de faire comme elles, de vivre ce qu’elles vivent. On ambitionne d’être à leur place plus tard.
Que représente le basket pour vous ?
Le basket représente beaucoup de choses, c’est un élément central dans ma vie. Plus de la moitié de ma vie a été consacrée au basket, pour l’instant. Tout a été et est toujours organisé autour de ça : ma vie familiale, mes études et ma vie privée. Aujourd’hui, j’ai la chance d’en faire mon métier. Un métier très prenant. Aussi, partout où je vais, on me demande si je suis basketteuse. Je suis grande donc j’ai toujours droit à cette question (rire).
De quels succès êtes-vous le plus fière ?
Je dirai d’être devenue basketteuse professionnelle. Je suis reconnaissante de toute ma carrière en général. Elle s’est construite autour de beaucoup de choses, c’est déjà une chance d’être là où j’en suis. J’ai pu mener mes études en parallèle du basket, fonder une association au Sénégal grâce au basket, évoluer en tant qu’athlète et en tant que femme. Il y a bien sûr des étapes qui font apprécier d’autant plus le succès de cette carrière. Mais on peut déjà être fier d’être devenu pro. Beaucoup aimeraient être à notre place.
Comment jugez-vous votre carrière en tant que basketteuse ?
C’est difficile de répondre à cette question car pour le moment je suis encore dedans. Aujourd’hui, j’entame une nouvelle étape de ma carrière, dans un nouveau club, j’emprunte un nouveau chemin. Il y a beaucoup de changements dans une vie de basketteuse, je pourrai faire le bilan à la fin. Rendez-vous dans 10 ans (rire).
Quels sont vos prochains objectifs ?
A court terme, ce serait de finir en beauté l’année de Terang’Aby par mon camp, puis faire le bilan sur l’accompagnement que l’on a donné aux jeunes filles qui y ont participé. Sportivement ce sera la préparation de la Coupe du monde avec l’équipe de France. A plus long terme, c’est de continuer à me développer en tant qu’individu et en tant que femme. Apprendre de mes expériences, mais aussi des gens qui m’entourent. Je cherche toujours à progresser et me fixer de nouveaux objectifs de vie, mais aussi sportifs.
Vous vous êtes très investie sur le continent, notamment au Sénégal. Quels liens y entretenez-vous ? Quelles actions y menez-vous ?
C’est mon pays d’origine, j’y vais dès que je peux. C’est important pour moi de conserver des liens forts et de m’y investir. J’ai fondé l’académie Terang’Aby au Sénégal, on y mêle des ateliers éducatifs et sportifs, qui visent à accompagner les jeunes filles sur le chemin du développement humain, pour qu’elles deviennent des femmes averties. On souhaite leur apporter quelque chose de nouveau, les sortir de leur routine, sur des sujets dont elles n’ont pas forcément l’habitude de parler avec leurs proches ou entre elles. J’ai d’ailleurs reçu récemment des vidéos où elles parlent de leurs expériences dans Terang’Aby. Que ce soit lors du camp ou au cours des journées mensuelles où elles se réunissent, elles font un bilan et expliquent ce que ça leur apporte. Mon planning sportif ne me permet pas d’être présente chaque fois, mais une équipe les entoure toute l’année et je communique régulièrement avec elles. Ça me touche beaucoup de recevoir leurs messages et voir leur évolution.
Comment jugez-vous le niveau du basket africain ?
Ce qui se passe sur la scène internationale est très positif. J’ai en mémoire l’équipe des U19 du Mali, vainqueur des Français en demi-finale des Championnats du monde, puis perdre de peu la finale contre les Etats-Unis. Depuis quelques années, le Nigeria aussi brille à l’international. La population est très jeune, il y a un énorme potentiel. Il y a de plus en plus d’investisseurs sur le continent, le sport pourrait vraiment devenir une belle économie. A l’image du Nigeria et du Mali, on voit que quand on y met les moyens, on peut se développer. Beaucoup de jeunes pourraient prétendre à avoir une grande carrière, peu importe le sport, tant qu’on y met les moyens.
A lire : Dylan Nahi : « Le handball a forgé ma personnalité »