Au Sénégal, on ressort les vieux dossiers. Depuis le début de la semaine, les quotidiens se penchent sur une déclaration du président Abdoulaye Wade qui avait affirmé en 2007 qu’il était « impossible » pour lui de se représenter car il avait « bloqué le nombre de mandats à deux ». Pourtant, le chef de l’Etat avait annoncé en 2009 qu’il serait candidat aux élections de 2012.
Depuis lundi, une polémique fait rage au Sénégal. Plusieurs quotidiens dakarois remettent en cause la candidature du président Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2012. Le site d’informations, Sud Quotidien, n’a pas hésité à fouiller dans ses archives pour ressortir une interview datant de 2007 où le chef d’Etat dit ne pas pouvoir se présenter aux élections. « J’ai bloqué le nombre de mandat à deux », expliquait à cette époque Abdoulaye Wade lors d’une conférence de presse. Le quotidien Le Populaire, cité par l’Agence de presse sénégalaise (APS), lui emboîte le pas et titre : « Je ne peux pas me présenter parce que la Constitution me l’interdit ». Des paroles qu’aurait prononcées le président. Pour le journal, « les responsables de la mouvance présidentielle, à l’image du Premier ministre Me Souleymane Ndéné Ndiaye (…) qui défendent la recevabilité de la candidature de Me Wade en 2012, ont tout faux ».
Le Quotidien accorde lui aussi une large place au sujet. Il critique le président qui « semble aujourd’hui pris dans le piège de ses déclarations et des actes qu’il avait naguère posés par rapport à son mandat et à sa succession ». Une vision différente de celle du président de la Commission des lois à l’Assemblée dans les colonnes de L’Office, cité par l’APS. « Wade a piégé l’opposition depuis 2008 », déclare Abdoulaye Babou. Selon lui, « les constitutionnalistes sénégalais qui arguent, à tort et à travers, que la Constitution empêche le président de pourvoir à sa propre succession en 2012, n’émettent que des opinions politiques, car la loi est claire et sans ambiguïté à ce propos ».
Le sauveur d’Abdoulaye Wade
Le chef de l’Etat devra compter pour se sortir de cette mauvaise passe sur l’aide de Cheikh Tidiane Diakhaté. L’ancien président de la Cour d’appel, favorable à Abdoulaye Wade, a été nommé à la tête du Conseil constitutionnel. Il pourrait à ce titre être amené à se prononcer sur la légalité d’un troisième mandat du président. Une nouvelle qui indigne le Parti socialiste (PS). Dans un communiqué publié samedi, il dénonce la « grave lacune » que constitue la nomination d’un nouveau président du Conseil constitutionnel. « Si l’objectif est de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, il y a lieu de s’étonner de cette grave lacune qui, à elle seule déjà, est grosse d’hypothèque sur la garantie d’une bonne administration de la justice », écrit le PS.
Le président sénégalais avait annoncé en septembre 2009 sa candidature à la présidentielle de 2012 en vue d’un troisième mandat. Une décision contestée par l’opposition qui estime qu’Abdoulaye Wade ne doit plus se représenter après ses deux mandats légaux, 2000-2007 et 2007-2012. Mais pour le Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), le décompte doit se faire à partir de 2007, date d’entrée en vigueur du quinquennat, et non en 2000.