Interviewé par le Journal du Dimanche en ce jour d’élection présidentielle au Sénégal, Abdoulaye Wade ne doute pas de sa victoire dès le premier tour et considère qu’il ne peut y avoir de révolte contre lui, quels que soient ceux qui auraient aimé le voir partir.
Depuis ce matin à 8h, les sénégalais sont appelés à voter pour l’un des 14 candidats à l’élection présidentielle sur fond de tension après les nombreux affrontements de ces derniers jours. Après le surprenant appel de l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo qui propose de limiter à deux ans le futur mandat d’Abdoulaye Wade, (l’idée surprenante étant de laisser à l’opposition le temps de s’organiser pour être en capacité de gouverner, et de laisser au pouvoir le temps de terminer ses projets !), l’opposition de son coté a déjà annoncé qu’en cas de victoire du président sortant elle refuserait les résultats et organiserait de nouvelles élections dans un délai de 6 à 9 mois.
Autant d’approches qui n’aident pas forcément à faire baisser la tension alors que la réélection d’Abdoulaye Wade se profile. Le Vieux comme le surnomment ses citoyens a une nouvelle fois déclaré ses certitudes de victoire dans une interview au Journal du Dimanche : «Ma majorité est si écrasante que je pense être élu avec un fort pourcentage dès le premier tour.» a-t-il déclaré, même si cela ennuie la France et les États-Unis : «Parce que je ne suis pas docile. Je répondrais comme Senghor : « Je ne suis pas le nègre de service. »»
Une position française répétée plusieurs fois par le Ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui a demandé à ce que Wade accepte de passer la main. Mais une position non confirmée par Nicolas Sarkozy, qui au contraire il y a quelques mois avait même manigancé pour présenter Karim Wade à Barack Obama au dernier sommet du G8.
Abdoulaye Wade a cependant précisé qu’il pourrait instaurer l’état d’urgence : «si des mercenaires sortent dans la rue pour tirer sur les gens. À ce moment-là, je déclarerai l’état de siège.» faisant référence aux accusation visant son adversaire Idrissa Seck accusé par Wade d’être à l’origine des émeutes.
Alors que la tension monte dans les rues de Dakar, l’absence d’unité de l’opposition, qui a été incapable de se rassembler derrière une seule tête pendant toute la campagne laisse augurer quelques jours de négociations compliquées en cas de second tour. Alors que si Abdoulaye Wade l’emporte dès le premier tour, de nombreuses villes risquent de s’embraser.