Le président sénégalais Abdoulaye Wade est à Paris depuis lundi pour une visite de travail. Il a annoncé officiellement qu’il allait demander des armes à la France. Laquelle, gênée, élude la question face à la presse.
La visite à Paris d’Abdoulaye Wade, président du Sénégal depuis le 19 mars dernier, constitue son premier déplacement officiel hors d’Afrique. Me Wade veut réaffirmer les liens privilégiés qui unissent son pays à la France, et prolonge en ceci la politique de son prédécesseur, Abdou Diouf. » C’est une marque de confiance pour la France « affirme François Loncle, président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale.
Mais dans une interview accordée cette semaine au journal Jeune Afrique, le président sénégalais a déclaré son intention de demander des armes à la France. Suite à cette publication, les dirigeants français semblent fortement embarrassés. Ils auraient souhaité que la demande de Me Wade reste officieuse, et essaient à présent de maintenir une façade de circonstance. La porte-parole du ministère des Affaires Etrangères, Anne Gazeau-Secret, est restée évasive sur la question dans son communiqué de lundi dernier. Interrogé par afrik.com, François Loncle n’a pas été plus disert : » C’est une question qui se traitera avec le gouvernement, mais qui n’est pas primordiale. La preuve, dans l’audition d’aujourd’hui qui a duré une heure et demie, le président sénégalais n’a même pas abordé le thème. Qu’il ait exprimé le désir d’acquérir des armes ne doit pas être une source d’inquiétude « .
Des armes pour quoi faire ?
Pourtant au Sénégal, l’éditorialiste Demba Ndiaye critique ouvertement son président dans Sud, lui reprochant de faire passer la guerre avant le développement du pays : » Vous avez été élu le 19 mars dernier pour ramener la paix dans notre région sud, recoudre les fils diplomatiques distendus avec nos pays voisins et non préparer une guerre « . Force est de constater que Me Wade est resté très flou quant à l’utilisation qu’il compte faire desdites armes. Il dit vouloir » sécuriser » les frontières du Sénégal. En espérant que les armes ne serviront pas à attiser le conflit qui ensanglante la Casamance depuis dix-huit ans.