Après la validation de la candidature d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle du 26 février 2012, avec celles de treize autres postulants mais pas du chanteur Youssou Ndour, la tension reste vive à Dakar et dans les grandes villes du Sénégal. La France et les États-Unis ont fait part de leurs inquiétudes.
Le monde entier a les yeux braqués vers le Sénégal. Notamment la France et les Etats-Unis, particulièrement préoccupés par la situation. Après les grandes manifestations de ce week-end (Lire l’article : La candidature de Wade embrase le Sénégal), c’est surtout l’arrestation, samedi, d’Alioune Tine, coordonnateur du mouvement d’opposition du 23 juin (M23), qui inquiète Paris et Washington.
Le ministère des Affaires étrangères français a assuré être « extrêmement préoccupé par la mise en garde à vue des membres du M23 et notamment celle de son porte-parole, M. Alioune Tine, également président de la Rencontre africaine pour les droits de l’Homme (RADDHO) survenue samedi 28 janvier. Face aux multiples arrestations, la France rappelle son attachement au respect des procédures judiciaires et des droits de la défense. Nous condamnons, par principe, toute instrumentalisation de la justice à des fins politiques« . De son côté, William Burns, secrétaire d’Etat adjoint américain a déclaré: « Nous sommes préoccupés par le fait que la décision du président Wade de solliciter un troisième mandat (…) pourrait mettre en péril la démocratie, le développement démocratique et la stabilité politique que le Sénégal a bâtis sur le continent au cours des décennies« , rapporte Le Monde.
Youssou Ndour, le célèbre chanteur dont la candidature a été invalidée par le Conseil Constitutionnel appelle quant à lui à se révolter contre cette situation : « J’appelle, donc, toutes les forces vives de ce pays, nos frères africains, la communauté internationale à exprimer son désaccord face à ce coup d’Etat institutionnel et constitutionnel. Le combat continue, parce que Dieu est avec les justes« , a-t-il déclaré.
Une manifestation à haut risque
De son côté, le Mouvement citoyen sénégalais M23 avait déjà déclaré en octobre 2011 que le pays pourrait basculer dans la violence si Abdoulaye Wade maintenait sa candidature (lire l’article Le Sénégal au bord de l’explosion ?) et les médias locaux, comme Le Quotidien, affirment: « Quelle que soit la suite des événements, Wade ne pourra plus présider aux destinées de ce pays que par le fusil et la baïonnette.« .
Une situation d’autant plus tendue qu’une dizaine de sites d’information sénégalais sont inaccessibles depuis ce week-end. L’Association des professionnels de la presse en Ligne (Appel) « soupçonne des manœuvres ou attaques des serveurs des hébergeurs de ces sites d’information pour empêcher la presse en ligne très suivie (…) de relayer convenablement les informations relatives au contexte très tendu que vit actuellement le Sénégal« .
Le M23 a appelé à un grand rassemblement mardi 31 janvier à 15 heures, place de l’Obélisque, à Dakar, pour exiger le retrait de la candidature d’Abdoulaye Wade. Une manifestation qui va se dérouler dans une tension extrême.