Algérie, Tebboune prête serment : « Encouragez-moi, aidez-moi et corrigez-moi »


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Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune
Le Président algérien, Abdlemadjid Tebboune

Jeudi 19 décembre 2019, l’Algérie a ouvert une nouvelle page de son histoire. Le pouvoir en place a accompli l’une des plus difficiles missions qui lui incombaient : réussir la cérémonie d’investiture d’un nouveau Président, Abdelmadjid Tebboune, choisi à l’issue d’une élection contestée par les membres du mouvement populaire Hirak qui organisent des soulèvements à travers le pays depuis près de onze mois.

Le candidat Abdelmadjid Tebboune, élu vainqueur de l’élection présidentielle qui s’est déroulée le 12 décembre 2019, a officiellement pris fonctions en tant que président de la République d’Algérie après son investiture organisée jeudi dernier. C’est au Palais des Nations du Club des Pins que s’est déroulée cette cérémonie d’investiture dans une ambiance pour le moins tendue.

Des mesures sécuritaires strictes

A la cérémonie d’investiture, le dispositif sécuritaire était corsé. Le bâtiment qui a abrité la cérémonie a été, en effet, complètement quadrillé, très tôt dans la matinée. Il y avait une forte présence de personnel de sécurité ; militaires, gendarmes et agents de services de sécurité privée, tous étaient sur les lieux dès les premières heures de la journée. Le parking était archicomble. Déjà à 8 heures, il n’y avait plus de place pour garer les véhicules des invités qui n’arrêtaient pas d’affluer.

A l’intérieur du Palais des Nations, la sécurité avait également été renforcée. Pour la première fois, le service de sécurité avait demandé aux médias venus pour couvrir la cérémonie de laisser leurs smartphones et leurs portables à l’entrée. Une mesure sécuritaire qui a indigné des journalistes habitués à couvrir des évènements officiels en ce lieu.

Deux heures avant l’ouverture de la cérémonie, les premiers arrivés avaient pris place. Il y avait parmi eux des alliés de l’ex-Président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika : Tayeb Lahouari, Khaled Bounedjma, Mohamed Alioui, Abdelaziz Belkhadem, Nouria Hafsi, Abdelaziz Ziari, etc. Ils ont été rejoints plus tard par Mokdad Sifi, l’ex-chef du gouvernement.

Un emplacement spécial pour les militaires

Les autres candidats à la Présidentielle du 12 décembre ont aussi marqué de leur présence la cérémonie. Le premier venu était Azzedine Mihoubi suivi par Abdelkader Bengrima, Ali Benflis et Abdelaziz Belaïd qui sont arrivés au même moment. L’autre fait marquant au cours de cette cérémonie est l’important nombre de militaires qui étaient présents. Ils étaient, pour la plupart, des généraux. Un carré spécial avait été réservé pour eux au milieu de la salle.

A 10 h 30 minutes, le nouvel élu, Abdelmadjid Tebboune, a fait son apparition dans la salle sous les applaudissements nourris des invités. Il était accompagné d’Abdelkader Bensalah, le chef d’Etat sortant. La cérémonie a ensuite été ouverte par la prestation de serment du nouveau Président.

Bensalah s’est exprimé le premier, prononçant ainsi son ultime discours en tant que chef de l’Etat, un poste auquel il ne s’était guère préparé, selon son propre aveu. Ce fut ensuite le tour du Président entrant de prendre la parole. Il a, dans un premier temps, remercié Bensalah pour la mission nationale qu’il a accomplie malgré les nombreuses difficultés. Il s’est ensuite adressé au peuple algérien qu’il remercie pour la confiance qu’il lui a accordée lors de cette élection qui a remis l’Algérie sur le chemin de la légitimité populaire et constitutionnelle. Ses remerciements sont ensuite allés à l’endroit de l’Autorité en charge de l’organisation des élections et aux autres candidats. Il a adressé un hommage particulier à Gaïd Salah, chef de l’institution militaire qu’il a d’ailleurs décoré à la fin de la cérémonie, le gratifiant de la médaille de l’ordre du mérite national.

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S’unir pour développer l’Algérie

Dans son premier discours adressé à la nation, Abdelmadjid Tebboune a promis de satisfaire, conformément aux lois et à la constitution, les revendications du Hirak. Il a lancé ensuite un appel plein de sens au peuple : « Aidez-moi et encouragez-moi si je suis sur la bonne voie ». Il va plus loin en ajoutant : « Corrigez-moi en revanche si je dévie du bon chemin ».

Il a appelé l’ensemble des citoyens à s’unir à lui pour le développement de l’Algérie et pour cela, ils devront mettre de côté leurs différences. Il a également pris l’engagement d’œuvrer pour le changement du système politique comme le désire son peuple, et promis de lutter efficacement contre la corruption, de mettre fin à l’impunité et de changer le système de gestion de la rente pétrolière.

Une fois encore, Abdelmadjid Tebboune a réitéré son projet de révision constitutionnelle qu’il mettra en exécution dans les prochains mois. Il s’est également engagé à garantir la liberté de manifestation, la liberté de presse et le respect des droits humains.

Contrairement à la conférence de presse qu’il avait tenue le vendredi 13 décembre, Abdelmadjid Tebboune n’a fait aucune référence à deux sujets qui tiennent en haleine l’opinion publique. Il s’agit notamment du sort réservé aux détenus politiques et d’opinions et du dialogue avec les responsables du Hirak.

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