Abdel Fattah al-Sissi est actuellement l’homme fort d’Egypte. Le chef d’état-major des armées est celui qui a ordonné le renversement de Mohamed Morsi, après le soulèvement populaire à son encontre. Désormais de nombreux Egyptiens l’appellent à se présenter à la Présidentielle prévue en 2014. Pour le moment l’homme n’en dit mot. Est-ce pour mieux passer à l’acte?
Après Hosni Moubarak et Mohamed Morsi, Abdel Fattah al-Sissi sera-t-il le futur chef d’Etat de l’Egypte? Cette question est actuellement sur toutes les lèvres dans le pays toujours en convalescence, après le coup d’Etat militaire, qui a conduit à la chute du Président issu de la puissante confrérie des Frères musulmans.
Le chef d’état-major des armées égyptiennes jouit d’une grande popularité auprès des manifestants qui se sont soulevés contre le régime de Mohamed Morsi. Ils ont été nombreux à saluer le courage de celui qui a ordonné son renversement, après s’être entretenu avec le mouvement d’opposition Tamarrod, à l’initiative de la contestation, et des dirigeants religieux. Désormais, sur les réseaux sociaux, Twitter ou encore Facebook, de nombreux Egyptiens l’appellent à se présenter à la Présidentielle, prévue en 2014.
Mutisme
Mais l’homme fort de l’Egypte se terre dans un mutisme concernant son éventuelle candidature à la Présidentielle. Pour le moment, il n’a rien dit sur la question. Est-ce une façon pour lui d’éviter le sujet ? Ou au contraire est-ce un moyen de mieux s’armer pour tenter d’accéder au fauteuil présidentiel ? Dans tous les cas, Abdel Fatah Sissi dirige déjà l’Egypte, même s’il n’est pas officiellement le Président de transition incarné par Adly Mansour, qui, selon des observateurs, a juste été nommé symboliquement, mais ne donne aucune direction au bateau égyptien. Les postes clés, c’est le chef d’état-major de l’armée qui les détient. Lui qui est aussi vice-Premier ministre et ministre de la Défense.
Pour de nombreux journalistes et experts égyptiens qui l’ont récemment rencontré, al-Sassi n’a pas l’intention de se présenter à la Présidentielle. Lors d’un discours le 24 juillet dernier, il avait affirmé que « l’honneur de réaliser la volonté populaire est plus grand que celui de diriger l’Egypte ». Mais pour Abdallah al-Sennaoui, éditorialiste au quotidien privé Al-Chourouq, « qu’il se présente ou non, dans les deux cas, nous faisons face à un problème. Une candidature Sissi serait le choix populaire d’un homme fort, mais cela renforcerait l’idée d’un coup d’Etat militaire soutenue notamment par les Frères musulmans ». Toutefois, admet l’éditorialiste, « le général égyptien bénéficie d’un grand soutien au sein de l’armée, des services de sécurité et de l’appareil d’Etat, ce qui le rend puissant ».
Candidature qui ne fait pas l’unanimité
Une éventuelle candidature d’Abdel Fattah al-Sissi est loin de faire l’unanimité. Certains observateurs estiment qu’il devrait plutôt se concentrer à renforcer la sécurité de la nation, menacée actuellement pas des attaques, évoquant notamment la situation du Sinaï. C’est le cas d’Ahmed Taha, du quotidien privé Al-Youm al-Sabaa, qui l’invite à se consacrer à « ses devoirs sacrés de militaire ». Selon lui, « sa présence à la tête de l’armée est bien plus importante qu’à la tête de l’Etat, car les dangers qui menacent la nation demandent le renforcement des capacités de l’armée et cela n’arrivera que si quelqu’un comme Sissi la dirige ».
En attendant, le pays est loin d’être sorti de la crise politique qui le mine. La Constituante n’a toujours pas statué sur le futur régime politique qui sera adopté : présidentiel, parlementaire, semi-présidentiel ? C’est sans doute le futur régime politique égyptien qui permettra de déceler le véritable rôle que jouera le chef d’état-major dans le pays.