Abd el-Kader : portrait de celui qui a unifié l’Algérie


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Portrait d'Abdelkader par Jean-Baptiste-Ange Tissier (1852).
Portrait d'Abdelkader par Jean-Baptiste-Ange Tissier (1852).

Le 6 septembre 1808 à Mascara (Algérie) naissait Abd el-Kader, héros de la résistance algérienne à la conquête française. En ce jour anniversaire, Afrik.com vous propose de revenir sur son histoire.

Abd el-Kader est né en 1808 dans la puissante tribu des Hachem. Il est le descendant d’un des plus grands saints de l’islam, Abd el-Qadir al Jilani, qui vécut au XIIème siècle. Le père de l’émir, Mahi el-Din, saint lui aussi, est une figure de l’opposition au pouvoir ottoman. Dans un rêve prémonitoire, il a vu son fils en futur grand « Sultan du Gharb » (Ouest algérien). Abd el-Kader renonce donc à sa vocation d’homme de foi et se retrouve impliqué dans la lutte de son peuple. Il mène le djihad (guerre sainte) de 1832 à 1847 afin de chasser les infidèles d’Algérie.

L’émir est un combattant loyal et farouche, un stratège exemplaire. Jusqu’en 1839, il est l’interlocuteur privilégié des Français, qui voient en lui un homme fiable, capable de fédérer les tribus et investi d’un pouvoir tant politique que religieux. Mais il est ensuite l’adversaire des Français, celui qui tient tête à la première armée du monde. Après la prise de la smala, il se réfugie au Maroc mais se retrouve trahi par les Marocains qui signent la Paix de Tanger avec les Français.

En homme d’honneur, Abd el-Kader se rend à la France en 1847 qui lui promet, en échange de sa reddition, qu’il pourra retourner en terre d’islam. Mais elle ne respecte pas ses engagements et il sera retenu sur le sol français jusqu’à ce que le prince-président Louis Napoléon le libère, en 1852. Il sera alors traité comme un chef d’Etat. « D’autres ont pu me terrasser, d’autres ont pu m’enchaîner, mais Louis Napoléon est le seul qui m’ait conquis« , déclare l’émir avant de partir pour la Syrie. Il reviendra trois fois en France par la suite.

Homme de dialogue et de tolérance

Souvent, la postérité ne retient que l’action militaire menée contre l’envahisseur. Mais Abd el-Kader fut bien plus. Il est aussi le fondateur de l’idée de nation algérienne, le premier à rêver d’un Etat avec une assise territoriale. Il a, entre autres, créé une monnaie, organisé une levée d’impôts, mis en place des circonscriptions administratives. Son retrait de la vie politique algérienne, alors qu’il n’a fait que tenir sa parole, l’a parfois fait passer pour un homme finalement rallié aux valeurs du colonialisme. D’ailleurs, durant les années de la lutte de libération aucun discours des insurgés algériens ne fait référence à cette figure historique. Aujourd’hui, il est cité en préambule de la charte du FLN.

L’émir était aussi quelqu’un de très lettré. Il a étudié les philosophes grecs, a ouvert plusieurs écoles, était à la tête d’une impressionnante collection d’ouvrages, saisie par le duc d’Aumale, et écrivait lui-même. Mais Abd el-Kader était surtout un religieux convaincu. Sa foi en Dieu était immense. Il a choisi Damas comme ville d’exil car c’est là que se trouve le tombeau d’Ibn Arabi, (1165-1240) l’un des plus grands maîtres soufi auquel se réfère l’émir. C’est d’ailleurs à ses côtés qu’il a été enterré, avant que le 6 juillet 1966, le président Boumediene ne demande le transfert de ses cendres en Algérie.

Abd el-Kader, homme de dialogue et de tolérance, telle est l’image que donne l’exposition. En 1855, dans sa Lettre aux français il écrivait déjà: « Si les musulmans et les chrétiens me prêtaient l’oreille, je ferais cesser leurs divergences et ils deviendraient frères à l’intérieur et à l’extérieur ». Un exemple à suivre.

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