Arrivés respectivement à Radio France International en 1986 et 1982, Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont trouvé la mort, sauvagement abattus qu’ils ont été, par des bandes armées. Ces deux envoyés spéciaux de RFI au Mali, morts les armes (micro, dictaphones, appareils photo…) en mains, ont eu chacun, de par des témoignages, un parcours exemplaire.
Ils sont morts les armes en mains et y ont sans doute cru jusqu’à la dernière seconde. Ghislaine et Claude, comme ils avaient l’habitude de le faire d’après les témoignages, ont, pour cet ultime reportage au Mali, traqué les infos sur le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA). Pour sûr, même enlevés, ils poursuivaient leur travail de collecte de l’information. Sauf qu’ils auront été trahis par des gens peu scrupuleux qui les ont abattus froidement, au moment où ils y croyaient le moins. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes professionnels qu’Afrik.com tente de raconter, sur la base d’extraits et de témoignages.
Ghislaine Dupont, spécialiste de la RDC, du Rwanda, du Soudan…
Ghislaine Dupont a vécu dans son enfance en Afrique. Après ses études, elle se dirige vers le journalisme. Elle commence par la presse écrite à Ouest-France et Témoignage Chrétien, mais prend le goût du micro auprès des radios libres, notamment à Radio Gilda. Elle entre à Radio France Belfort puis une première fois à RFI en 1986, avant d’aller au Maroc, à Tanger, pour la radio privée Radio Méditerranée Internationale.
Dès son retour définitif à RFI en 1990, Ghislaine Dupont se consacre à l’Afrique : elle va dans les maquis de l’UNITA, en Angola, elle relate le drame que traversent les Sierra-Léonais dans les territoires aux mains des rebelles du RUF, elle couvre Djibouti, le conflit Éthiopie-Érythrée, puis pendant une décennie (1997-2007) se consacre à la République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda, au Soudan, en Algérie. En 2006, son indépendance lui vaut d’être expulsée de Kinshasa par le gouvernement Kabila, entre le premier et le deuxième tour de la Présidentielle de 2006. Connue pour ses qualités de reporter, d’enquêtrice, sa rigueur éditoriale et la finesse de ses analyses politiques, elle était devenue en septembre dernier, conseillère éditoriale de la rédaction.
Claude Verlon, toujours partant pour des missions difficiles
Claude Verlon était quant à lui technicien de reportage de 58 ans, employé par Radio France International (RFI) depuis 1982. Il était un homme de terrain chevronné, habitué des terrains difficiles dans le monde entier. Pour son collègue Nicolas Champeaux, parti en mission plusieurs fois avec lui, Claude Verlon n’était pas une tête brûlée. Ce qui l’intéressait c’était le défi, plus c’était compliqué techniquement, plus ça l’excitait. Nicolas qui est parti plusieurs fois en mission avec lui en Libye, en Ethiopie, raconte qu’il est souvent arrivé à quelques minutes d’un direct, qu’ils se disent que ça ne va pas être possible. Sauf que Claude Verlon était toujours là pour les rassurer avec des propos du genre « non, je vais réussir à ouvrir la valise satellite à temps ». Ce qu’il parvenait à réaliser à chaque fois.
Claude Verlon était un vrai reporter qui aimait les défis, toujours volontaire pour partir dans les coins les plus chauds, Afghanistan, Libye, Irak et l’Afrique qu’il aimait passionnément. Il était du genre à tout vérifier, faisait de multiples essais la veille d’une émission, car il avait la hantise d’une coupure à l’antenne lors d’un direct à cause d’une faute technique, témoigne son collègue Laurent Chaffard. Claude Verlon est aussi présenté comme un bagarreur, toujours partant pour les missions difficiles, dont la dernière au Mali où il était, en compagnie de Ghislaine Dupont, à la traque d’informations sur le MNLA.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été tués le 2 novembre 2013 non loin de Kidal, au nord-est du Mali après avoir été enlevée par des groupes armées supposés appartenir au Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA).