Le 7 décembre 2023, cela faisait exactement deux ans que la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a condamné le professeur Joël Aïvo à une peine de dix ans de réclusion criminelle. Ainsi, de son arrestation, le 15 avril 2021, à ce jour, 13 décembre 2023, le constitutionnaliste béninois est en train de passer deux ans et huit mois en détention. Depuis lors, les voix n’ont cessé de s’élever pour réclamer sa remise en liberté. La dernière manifestation en date est celle de 115 universitaires d’Afrique et d’Europe qui ont publié une tribune pour sa libération.
Dans cette tribune, les universitaires signataires provenant du Burkina Faso, du Cameroun, du Congo, de la Côte d’Ivoire, de la France, du Gabon, du Niger, des Pays-Bas, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo, du Sénégal, du Togo et de la Tunisie ont d’abord mis en relief les qualités de leur collègue béninois.
Un universitaire compétent et respecté dans le monde
Les premiers mots de la Tribune pour la libération du professeur Joël Aïvo rappellent la valeur intrinsèque du constitutionnaliste béninois. « Le professeur Frédéric Joël Aïvo est un éminent constitutionnaliste (…) Il offre une bibliographie abondante, constituée de quelques ouvrages individuels et collectifs, un nombre impressionnant d’articles et de chroniques parus dans les revues de droit constitutionnel les plus prestigieuses en Europe », lit-on dans le document.
De même, ses qualités d’artisan infatigable de la paix et de l’État de droit, d’« universitaire sérieux » et de « grande réputation » qui lui ont fait bénéficier de nombreuses sollicitations de par le monde, ont été mises en exergue par ses pairs. L’homme a, en effet, fait ses preuves auprès de l’Organisation des nations unies (ONU), de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), d’International IDEA, de l’Union africaine (UA) ou encore de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
« Rendre à la colombe ses ailes »
Pour les 115 signataires de la tribune, il n’est pas juste de maintenir dans les liens de la détention une personnalité de cette trempe qui a déjà apporté et a encore beaucoup à apporter à son pays. Revenant sur les conditions dans lesquelles s’est déroulé le procès du constitutionnaliste accusé de « complot contre l’autorité de l’État » et de « blanchiment de capitaux », les collègues de Joël Aïvo ont rappelé que leur pair a « été condamné à dix (10) ans de réclusion criminelle », « au terme d’un procès de moins de quatorze (14) heures d’horloge, sans le moindre élément matériel, sans aucun témoin à charge, sans indices concordants, en l’absence de toute preuve ».
Et de revenir sur la position invariable de ses avocats qui « ont toujours dénoncé un procès politique et expéditif conduit au pas de charge et ostensiblement à charge pour parvenir, quoi qu’il en soit, à sa culpabilité et à sa condamnation ». Tout en insistant non seulement sur le caractère « arbitraire » de l’arrestation de leur collègue, mais également sur ses « conditions de détention épouvantables », les signataires de la tribune martèlent qu’« aucune justification ne soutient le maintien en détention de cet artisan de paix et de justice ».
L’appel à Patrice Talon
C’est pourquoi leur appel est formel à l’attention du Président Patrice Talon : « Nous, signataires de la présente Tribune, sans intentions ni velléités d’ingérence dans les affaires intérieures du Bénin, exhortons le Gouvernement béninois et plus particulièrement le Président de la République du Bénin, Monsieur Patrice Talon – qui, à l’orée de son mandat en 2016, a affiché des convictions démocratiques très fortes et sa volonté de chercher le meilleur pour le Bénin – à faire preuve d’humanité en faisant en sorte que tout soit mis en œuvre pour la libération du professeur Joël Aïvo qui, dans son domaine de compétences a beaucoup œuvré pour son pays et a encore tant à lui offrir.