À Ouagadougou, l’AES déploie sa stratégie de rupture avec la CEDEAO


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À Ouagadougou, l’Alliance des États du Sahel (AES) finalise sa stratégie de rupture avec la CEDEAO lors d’une réunion clé.

Dans un contexte où tensions géopolitiques et aspirations souverainistes se mêlent, Ouagadougou s’impose comme le théâtre d’un tournant majeur pour l’Alliance des États du Sahel (AES). Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, unis sous cette bannière, réaffirment leur volonté de rompre définitivement avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La réunion stratégique entamée ce vendredi dans la capitale burkinabè marque une étape décisive dans la concrétisation de cette séparation, avec des enjeux de souveraineté, de sécurité et de développement économique au cœur des discussions.

Un sommet décisif pour l’avenir de l’AES

Ce vendredi 24 janvier 2025, Issa Boro, secrétaire général du ministère burkinabè des Affaires étrangères, a inauguré les travaux préparatoires de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’AES. Pendant deux jours, les délégations des trois pays se consacrent à l’harmonisation des positions et à la définition d’une stratégie commune. « Nous travaillerons à protéger les intérêts du Sahel et à renforcer notre coopération », a déclaré l’ambassadeur burkinabè, affichant l’ambition claire de faire de l’AES un espace de paix et de développement socio-économique.

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger reprochent depuis longtemps à la CEDEAO d’être influencée par des puissances étrangères, notamment la France. Ce ressentiment a conduit à leur décision, en janvier 2024, de quitter l’organisation régionale. Bien que la CEDEAO ait tenté de freiner leur départ en prolongeant les négociations, les pays de l’AES de l’AES considèrent ces manœuvres comme des obstacles à leur autonomie. À Ouagadougou, l’heure n’est plus aux tergiversations, mais à la mise en place d’une feuille de route claire et irréversible.

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Des perspectives pour un nouvel ordre sahélien

Le retrait officiel des trois pays de la CEDEAO est prévu pour le 28 janvier 2025. Dès le lendemain, le 29 janvier, l’AES envisage de lancer son propre passeport, un symbole fort d’indépendance et d’un nouvel ordre sahélien. Cette initiative reflète la détermination des membres de l’alliance à bâtir une structure régionale indépendante, mieux adaptée à leurs réalités. Dans cette dynamique, les équipes pluridisciplinaires annoncées par Issa Boro joueront un rôle clé pour établir les bases d’une coopération renforcée entre les membres.

Malgré les défis liés à cette transition, les dirigeants de l’AES appellent à la sérénité et à l’apaisement pour les populations concernées. Les ambassadeurs du Niger et du Mali, présents à Ouagadougou, ont salué cette initiative, tout en insistant sur la nécessité de préserver la stabilité régionale. Ce retrait de la CEDEAO, bien qu’il suscite des inquiétudes, illustre avant tout une volonté commune de redéfinir les relations interétatiques au Sahel sur la base de valeurs partagées et d’intérêts mutuels.

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