Dans un pays où 95% de la population sont des musulmans, l’on pourrait penser que l’élevage de cochons est peine perdu. Pourtant, tel n’est pas le cas au Sénégal, ce pays d’Afrique de l’Ouest, où le cochon se vend très bien, notamment en ces temps où on célèbre les Communions, sans compter durant les fêtes de Pâques et de Noël. Et même les dimanches, alors que certains n’hésitent pas à s’offrir des barbecues et autres grillades à la viande de porc, comme l’a découvert AFRIK.COM.
Chaque jour, aux alentours de 18H15, Salomon traverse le quartier Petit Thialy, pour emmener les cochons de la famille s’alimenter. Durant la journée, certains membres de la famille s’occupent à collecter la nourriture pour les cochons. Et ce jeudi 3 juin 2021 n’a pas fait exception à la règle. La trentaine de cochons est venue s’alimenter, comme à l’accoutumée. Des bidons d’une contenance de 20 litres découpés en deux servent de mangeoires aux porcs dont certains avoisinent les 100 kilos. De véritables mastodontes, qui ne nécessitent pourtant pas beaucoup de dépenses.
« Durant la journée, certains membres de la famille font le tour des maisons pour collecter leurs restes de nourritures. Ce sont ces restes qui servent à alimenter les cochons. Chaque début de soirée, un peu avant 19 heures, je les emmène ici pour qu’ils s’alimentent. On les nourrit une fois par jour. Comme vous les voyez, ils sont bien nourris. Il y a une grande différence entre nos cochons et les autres que vous voyez, souvent en train d’errer, à la recherche de nourriture », confie Salomon, la trentaine, tout fièrement. En effet, il suffit de faire la comparaison pour comprendre que ses cochons sont en forme et bien gras.
D’autres cochons, comme il l’a si bien souligné, errent dans les rues du Sénégal, à la recherche de leur « pain » quotidien. Ils fouillent dans les poubelles domestiques ou font le tour des décharges sauvages d’ordures, à la quête de leur pitance. En ces temps de conjonctures difficiles, liées notamment à la pandémie de Coronavirus qui a frappé les économies mondiales avec une Afrique qui n’a pas été épargnée, les restes de nourriture ne courent pas les rues. Mais les cochons errants peuvent compter sur quelques noyaux de mangues jetés, ou des herbes sauvages qui poussent à des points d’eau de circonstance, créées par des fuites des tuyaux de la société des eaux du Sénégal.
Dans tous les cas, les cochons sont bien gras et bien prisés. « Ici, on peut en faire des méchouis, de la grillade, tout dépend de la commande du client », souffle Etienne, qui tient un débit de boissons alcoolisé, combiné avec une « dibiterie » (point de grillade). Durant les fêtes de fin d’années, on peut facilement écouler deux ou trois porcs par jour. Parfois on va jusqu’à vendre cinq bêtes en un seul jour. Tout dépend de la période. Mais de façon générale, tous les week-end, ce sont des grillades de porc. Les clients aiment bien. Le tout se passe autour d’une bonne bouteille de bière bien fraîche. C’est comme ce week-end qui coïncide avec la célébration des Communions. C’est la fête dans les maisons et dans tous les restaurants. La viande ce porc à gogo », poursuit Etienne.
Cela se comprend, surtout que les cochons ne coûtent pas cher, comparé au prix du mouton. En effet, là où un mouton moyen s’échange à 75 000 FCFA, un cochon de gabarit équivalent coûte 25 000 FCFA. D’ailleurs, notre interlocuteur, Salomon, nous en a proposé deux, à raison de 20 000 FCFA l’un. « Le jour que vous êtes intéressé, venez me voir, je vous fait un bon prix. Les deux que vous voyez, je peux vous les vendre à 20 000 FCFA chacun », lance-t-il avec un petit sourire. Seulement, Salomon déplore les vols de porcs. « récemment, j’ai perdu un mâle qui est sorti et qui n’est jamais revenu. Je ne sais pas où il est passé. Il a sans doute été volé », déplore l’homme, la mine une peu triste.
L’élevage de cochons est, selon lui, d’autant plus intéressant que les animaux se multiplient rapidement. « Une femelle peut faire deux portées en une année. Et en une portée, elle peut avoir huit petits, parfois jusqu’à quinze porcelets. Donc ça va très vite, c’est pour cela que c’est un business très intéressant. Nous ne regrettons pas de nous être lancés dans ce commerce de porcs », confie Salomon qui révèle qu’il leur arrive de castrer certains mâles pour éviter qu’ils ne s’accouplent. « Cela les rend beaucoup plus gras et plus dodu », dit-il.