Quelque 650 étudiants prennent cette semaine le chemin des salles de cours, flambant neuves, de l’Université Widal de Bokungu (UWBO). Un établissement dernier cri répondant aux meilleurs standards internationaux, sorti de terre en plein cœur de la Tshuapa, une province du Nord de la République démocratique du Congo. Le fruit de la volonté et des convictions de son fondateur et mécène, le ministre d’Etat Guy Loando Mboyo.
Pour Albertine, c’est à la fois une grande joie et un soulagement. Originaire comme toute sa famille de Bokungu, elle n’aura pas, pour poursuivre ses études supérieures, à faire des centaines de kilomètres et avancer de coûteux frais de déplacement, de séjour, etc., difficiles à supporter pour une famille modeste comme la sienne.
« Avant, nous n’avions pas le choix. Il fallait aller à Mbandaka ou à Kinshasa. Beaucoup, faute de moyens, renonçaient », explique l’étudiante au parcours secondaire brillant et inscrite en médecine. « C’était mon rêve. Je veux être chirurgienne », lance-t-elle pleine d’assurance dans un éclat de rire contagieux.
Si pour Albertine, comme pour les 650 autres élèves qui forment la première promotion de l’Université de Bokungu en cette année académique 2024-2025, tout a changé, c’est grâce à un homme. Le ministre d’Etat à l’Aménagement du territoire, Guy Loando Mboyo. C’est sa Fondation Widal qui a entièrement financé la construction de cette université située en plein milieu de la forêt dans cette province enclavée, coincée entre l’Equateur et la Tshopo.
« Guy attache beaucoup d’importance à l’éducation », souligne l’un de ses anciens professeurs de droit de l’UniKin qui se souvient d’un étudiant « intellectuellement curieux et appliqué ». « Son père, Pierre, était le coordinateur provincial des écoles conventionnées catholiques à Mbandaka. Dans la famille, on considère que l’école est sacrée et que tout le monde devrait en bénéficier », ajoute l’universitaire. Ce que confirme un ex-ministre originaire de l’Equateur qui le connait bien lui aussi. « Guy estime que c’est grâce à l’école que les enfants modestes peuvent réussir leur vie, devenir quelqu’un. C’est pour donner cette chance à la jeunesse de la Tshuapa qu’il a créé cette université ».
Preuve de la très haute estime dans laquelle il tient l’éducation, ce brillant avocat de 41 ans, spécialiste du droit minier, entré en politique comme sénateur en 2019 avant de devenir ministre deux ans plus tard à peine, est l’une des rares personnalités politiques en RDC à se rendre régulièrement dans les universités pour échanger avec les étudiants. « Une à deux fois par mois », indique-t-on dans son entourage. « Car c’est pour eux mais aussi avec eux que nous bâtirons la RDC de demain », justifie l’intéressé sur son compte X.
En ce début décembre à Bokungu, les salles de cours à la peinture fraîche sont fin prêtes pour accueillir leurs premiers étudiants. Ceux-ci se répartiront entre une multitude de disciplines allant des sciences (génie informatique, géo-mines…) au droit en passant par la médecine et l’architecture ou encore l’économie et la gestion des entreprises. Pour dispenser un enseignement aussi éclectique, une trentaine de professeurs ont été recrutés.
Mais à Bokungu, il n’y a pas que des filières générales. Les matières techniques sont elles aussi enseignées. « Nous avons notre université, mais aussi notre école des métiers qui propose des enseignements pratiques tels que le bâtiment, la menuiserie ou l’hôtellerie-restauration pour n’en citer que quelques-uns », précise le recteur de l’UBWO, Pitchou Ngoy, qui met un point d’honneur à souligner qu’ « ici, les savoir-faire sont aussi importants que les savoirs ».
Signe des hautes ambitions académiques de l’UWBO, des partenariats ont d’ores et déjà été noués avec certains des établissements les plus prestigieux à l’international comme l’Université de la Sorbonne ou Paris-Dauphine en France, l’Université de Genève en Suisse ou encore la BEM, une école de commerce présente en Europe et en Afrique.
« Chaleureux encouragements aux élèves de la première promotion, toutes disciplines confondues, de l’Université Widal de Bokungu », a lancé Guy Loando Mboyo mardi 3 décembre sur X, ajoutant qu’ « investir dans l’éducation, c’est le meilleur service à rendre à nos enfants et à notre pays ».
Un principe que « l’aménageur national », comme il est surnommé, au caractère aussi énergique qu’affable, semble appliquer à la lettre. Outre une université à Bokungu dans la Tshuapa, il a également fondé à Mbandaka dans l’Equateur la « Widal School les Perroquets », un complexe scolaire comme il en existe peu en RDC qui couvre la maternelle, le primaire et le secondaire. « Et ce n’est qu’un début », assure un de ses proches. Il y a quelques décennies, Mobutu construisait un palais à Gbadolite. Aujourd’hui, pas si loin de là, à Bokungu et à Mbandaka, dans le Nord de la RDC, ce sont des écoles que Guy Loando Mboyo a choisi d’édifier. Un changement d’époque et de mentalité.