Institution hôtelière internationale, le groupe Le Méridien dispose de 30 hôtels en Afrique. Présente dans 12 pays du continent, l’enseigne se place depuis 32 ans sur le créneau du tourisme d’affaires. Hassan Ahdab, directeur général Afrique et Océan Indien, fait le point sur l’offre régionale et sa spécificité. Il explique également l’impact économique, sur le plan local, des différents établissements.
Le Méridien. Un nom symbole de luxe dans le monde de l’hôtellerie internationale et notamment en Afrique, où le groupe dispose de 30 établissements dans 12 pays. Soit 22% de son offre globale (135 hôtels dans 56 pays). Véritable institution sur le continent qui a construit son image autour du tourisme d’affaires et de son french touch[[<*>Touche française.]]. Interview d’Hassan Ahdab, directeur général Afrique et Océan Indien.
Afrik : Vous avez actuellement 30 hôtels ouverts ou en passe de l’être en Afrique Quels sont vos critères pour vous installer dans un pays ?
Hassan Ahdab : Nous nous installons dans les pays qui ont une volonté de développer le tourisme d’affaire et qui en ont le potentiel. Si nous sommes, par exemple, présents au Nigeria (4 hôtels, ndlr), parce que c’est le pays le plus peuplé d’Afrique. Un pays riche, grâce au pétrole, où il n’y a pas de danger par rapport aux flux de passagers. Un pays comme le Maroc, où nous avons 4 hôtels, bénéficie quant à lui, d’une véritable politique touristique, « La politique 2010 » qui ambitionne d’atteindre 10 millions de touristes à l’horizon 2010.
Afrik : Les hôtels méridiens sont-ils uniquement des hôtels d’affaires ?
Hassan Ahdab : Essentiellement, mais nous avons un bouquet d’hôtels de loisirs destiné aux hommes d’affaires pour qu’ils puissent retrouver, en vacances, les mêmes standards de qualité et de service dont ils bénéficient dans le cadre de leurs séjours de travail.
Afrik : Les hôtels Méridiens en Afrique sont-ils des branches ou des franchises ?
Hassan Ahdab : Ce sont des contrats de gestion, où les honoraires du partenaire sont payés sur le chiffre d’Affaire.
Afrik : Quelle est la part des Méridiens Afrique dans le chiffre d’affaires globale du groupe ?
Hassan Ahdab : Nous faisons 150 millions de dollars de chiffre d’affaires en Afrique. Le groupe en fait 800 millions.
Afrik : Y a-t-il des pays qui marchent mieux que d’autres ?
Hassan Ahdab : Tous les hôtels marchent, mais ça dépend de la conjoncture. Le Gabon et le Congo, qui faisaient 90% de taux de remplissage, n’en font plus actuellement que 60 à 65%. Ce qui est insuffisant.
Afrik : Vous avez décidé de vous retirez de la Guinée. Pourquoi ?
Hassan Ahdab : La Guinée est un pays en difficultés économiques qui ne montre pas de signes de rédressement. L’offre de chambre y excédait la demande. De plus, l’hôtel était relativement mal situé, il n’était pas un centre-ville, et il n’était pas tout à fait mis aux normes. D’un commun accord avec le propriétaire, nous avons décidé de nous séparer.
Afrik : Vos hôtels ont reçu de nombreuses distinctions internationales en matière de qualité mais aucune sur l’Afrique. Pourquoi ?
Hassan Ahdab : Je ne sais pas qui donne ce genre de prix en Afrique. Ni même s’il en existe. Par ailleurs, il faudrait savoir sur quels critères attribuer de telles distinctions, mais je reste intéressé par toute initiative en ce sens, dès lors que la démarche est fiable, sérieuse et réfléchie.
Afrik : Vous travaillez des pays en développement. En tant qu’hôtel de luxe et compte tenu des faibles niveaux de vie locaux, certains pourraient vous accusez d’exploiter les nationaux.
Hassan Ahdab : Nous avons fait des études de satisfaction employés au sein de nos établissements l’année dernière et nous avons obtenu une note de 7,72 sur 10 en Afrique contre 7,30 en moyenne. Avec une hausse de 0,44%.
Afrik : Quel est votre impact économique sur les pays où vous êtes installés ?
Hassan Ahdab : Nous employons en majorité des locaux dans nos établissements. Nous avons de moins en moins d’expatriés qui travaillent dans nos hôtels. Sept ou huit personnes dans le meilleur des cas. A titre d’exemple, un hôtel de 300 chambres mobilise 400 emplois. L’idéal serait un ratio de 1 pour 1, même si la productivité en Europe s’élève à 0,7 pour 1. D’autre part, en Afrique, 70 à 80% de notre chiffre d’affaires sont réinjectés dans le pays à titre de dépenses divers. Dont les salaires, dont la nourriture.
Afrik : Les hôtels Méridien ont-ils, en Afrique, une politique d’actions sociales ?
Hassan Ahdab : Les actions sociales sont contextuelles. Chaque hôtel développe ses propres initiatives.
Afrik : Le Méridien est présent en Afrique depuis 1972, le nom est une institution. Avez-vous toujours les mêmes besoins en matière de communication ?
Hassan Ahdab : La nécessité de communiquer est capitale. Parce que les générations et les perceptions changent, parce que nos hôtels évoluent. Il faut sans cesse adapter le marketing pour maintenir ou développer notre image. Et puis, au delà de l’image du groupe sur laquelle nous capitalisons, nous avons une politique de fidélisation de notre clientèle via l’initiative Moments où les personnes gagnent des points en fonction de l’argent dépensé dans nos établissements. Nous avons aujourd’hui plus de 600 000 membres.
Afrik : Vous basez notamment votre identité sur « Un style européen avec un accent français » et sur le fait de « Faire un avec la culture locale ». Comment faites-vous pour concilier les deux ?
Hassan Ahdab : Il y a un véritable respect de la culture locale, notamment au niveau de la décoration, de l’architecture et parfois de l’uniforme des employés. Nous introduisons également la cuisine locale sur nos cartes. En même temps nous offrons tous les standards hôteliers européens. Quant à l’accent français, il est notamment palpable sur nos cartes. On y retrouve une partie de la tradition culinaire française.
Afrik : Quelles relations entretenez-vous avec les Etats, qu’on accuse souvent d’être de mauvais payeurs?
Hassan Ahdab : Les Etats sont avant tout des clients. Des clients qui ne seront jamais en faillite. Tout au plus auront-ils des retards de paiement. A chaque responsable, alors, de mettre de la rigueur dans ses relations avec l’Etat. Ce qui provoque parfois, il est vrai, des conflits. Le fait est que nous sommes une entreprise et que nous entendons nous comporter comme tel.
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