Maintenant que les « vrais » patrons de l’école ivoirienne (Coordination des Syndicats du secteur Education Formation COSEF-CI) se sont résolus à desserrer l’étreinte autour du cou de notre école de « 30 » millimètres grâce à leur nouvelle qualité de maître des horloges, ce qui correspond à une brève période de « 30 jours », rappelons à ceux-ci et aux grands commis de l’Etat, en laissant de côté les parents d’élèves :
D’abord que l’inégal lacis de sentiers qui mènent à l’école traditionnelle, représentent pour nos enfants dont l’avenir dépend d’un cursus scolaire de qualité, l’indispensable souffle dont chaque être a besoin pour continuer à jouir des grâces de la vie. Si certains textes officiels rendent obligatoire la fréquentation de l’école dans notre Pays la Côte d’Ivoire, alors comment se fait-il qu’elle peut être bloquée et suspendue pendant deux mois du seul fait d’une catégorie de partenaires ? Je considère qu’à partir du moment où la transmission du savoir par les maîtres est interrompue pour motif de grève, le caractère obligatoire est pris en otage et mis à mal. Si on devait établir pour une question de bon jugement une échelle de valeur entre la suspension des cours et la dispensation fluide de ceux-ci, est-ce que les effets néfastes de l’action d’une grève organisée par la corporation qui est à l’œuvre au sens le plus large, est au-dessus des intérêts scolaires des enfants et partant de la Nation? En d’autres termes : le timing qui vise la satisfaction immédiate des intérêts matériels des enseignants sont-ils au-dessus des intérêts des élèves ? Si oui quelle est la formule sociale qui permet d’en persuader plus d’un ! Si non, pourquoi prend-on le risque de se mettre à dos toutes les autres couches sociales ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Depuis toujours, l’école n’est pas seulement un lieu consacré de l’apprentissage scolaire, il est aussi et également un lieu de sécurité par excellence. Si le métier de transmettre le savoir est une vocation, qui mieux que l’enseignant en connait la valeur exacte ? C’est pourquoi il revient en priorité aux éducateurs /formateurs, eu égard à la noblesse de leur fonction, de faire à l’Etat et aux parents d’élèves, des propositions innovantes en vue de protéger l’objet de leur long et beau sacrifice. Car le « fétichisme » qui s’est dégagé du long bras de fer que nous avons opposé à tout le monde, durant deux mois entiers, n’est pas sans faire des dégâts :
- L’acte de grève conforte particulièrement ceux des parents réfractaires aux vertus de l’école, qui verraient dans notre ponctuel penchant, de bonnes raisons à affecter leurs progénitures à d’autres formes irrégulières d’apprentissage ;
- Si par extraordinaire, notre lutte somme toute légitime parvenait à mettre la main sur la totalité des revendications qui nous tiennent tant à cœur, comment comptons-nous, alors que nous avons été satisfaits, réparer le lot visibles et invisibles des préjudices qui ont été portés avec des amertumes diverses, par chacune des familles ivoiriennes ?
- L’Etat qui consent « beaucoup » d’effort à agrandir le patrimoine des établissements scolaires publics, pourrait à juste titre, orienter brusquement ces investissements vers des secteurs beaucoup plus « cléments » ;
- D’une façon générale, notre grève telle que dimensionnée, élargie à l’échelle nationale, le champ de la pénibilité sociale déjà intenable pour la grande majorité du peuple ivoirien ;
- Si les pages de l’école doivent être hachurées par les dépositaires attitrés du savoir, il va s’en dire que c’est le problème de la valeur école qui est sur la table-banc ;
Si tant est que l’école d’une façon générale est un formidable outil de compétitivité et d’épanouissement social, comment imaginé et accepté que son cours soit régulièrement entravé par des branchages et autres détritus issus de la « consommation urbaine » ? A l’avenir et au nom des impôts et taxes que les modestes contribuables ivoiriens paient avec état d’âme, nous vous prions d’analyser avec bienveillance ces quelques suggestions :
- Compte tenu de la prééminence incontestable des bienfaits de l’école dans le processus de la construction et du développement d’une Nation, La grève qui consiste à paralyser la dispensation fluide des cours en pressurisant une forte charge sur la victime « secondaire » qu’est l’Etat, doit quitter ici et maintenant, le programme scolaire ;
- Pour crédibiliser et continuer à travailler dans l’intérêt supérieur de l’école et ses avantages, la corporation scolaire, toutes stratifications confondues, doit se résoudre à revendiquer leurs droits aux seules occasions que leur concèdent les vacances scolaires. Car prendre en otage la vie d’innocents écoliers, à l’image des mendiants professionnels qui exhibent leurs infirmités ou leurs enfants jumeaux dans le secret espoir d’obtenir des passants une quelconque mansuétude pécuniaire ou matériel, n’est pas une posture à notre avantage ;
- L’Etat avec tous les moyens dont il dispose (diplomatiques, matériels, financiers, moraux etc…), devrait avec l’appui des partenaires sociaux de toutes les corporations de l’école ivoirienne, procéder de façon durable, à la « prophylaxisation » de ce précieux et délicat espace. Afin de garantir à tous les enfants de ce pays, une égale chance scolaire. Il y va de notre serment formel à tous, de servir son prochain !
L’Afrique qui ne rate jamais une occasion pour promouvoir sa légendaire sagesse, nous dit encore ceci : « ce que la vache mange, c’est cela que tète la génisse » et elle s’empresse aussi pour nous dire cela : « dans la narine, on introduit pas deux doigts » ! Ayons l’école au centre de nos intérêts archi vitaux !
Koné Kobali, Libre auteur, créateur