Le célèbre musicien Kizito Mihigo a été condamné, ce lundi, à 30 jours de détention préventive, à son premier jour de comparution, par le tribunal de Kigali, dans la capitale du Rwanda. Il avait confessé publiquement ses crimes et notamment le projet de renverser violemment le gouvernement avant le début de son procès.
Le musicien Kizito Mihigo a été jugé, ce lundi, en compagnie de ses trois co-accusés, dont Jean Paul Dukuzumuremyi et Agnes Niyibizi, et le journaliste de radio Cassien Ntamuhanga. Ils ont été condamnés à la même peine de 30 jours de détention préventive par le tribunal de Kigali. Elles sont intervenues alors que les accusés avaient confessé leur crime avant même le début du procès. Le juge du tribunal a indiqué qu’il ne se satisferait pas d’une sentence insuffisante.
Préparation d’attentats terroristes
« La Cour estime qu’il y a des informations pertinentes indiquant la volonté des accusés d’échapper à la justice en fuyant le pays s’ils sont remis en liberté sous caution », a indiqué le juge, Jean Damascene Gasana, selon l’AFP. La sentence est intervenue alors que les quatre accusés avaient avoué avoir préparé des attentats terroristes dans le pays, vouloir renverser le gouvernement par la violence et préparer l’assassinat de responsables politiques et de membres de l’armée.
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé, ce lundi, une « atmosphère de peur » pour la presse, au Rwanda, en référence à la condamnation du journaliste de radio Cassien Ntamuhanga. « En l’espace de deux semaines, un journaliste a été arrêté, au moins deux autres sont maintenant en fuite et un site internet d’information a été piraté », indique RSF dans un communiqué.
Présumée appartenance au CNR et au FDLR
« Ces affaires n’ont pas de liens apparents les unes avec les autres, mais participent de l’exacerbation d’une atmosphère de peur et d’autocensure parmi les professionnels de l’information » dans le pays, poursuit l’ONG. Cassien Ntamuhanga, le directeur de la radio confessionnelle rwandaise Amazing Grace, avait disparu dans un premier temps, après avoir été entendu plusieurs fois par les services de renseignement rwandais, avant que la police ne déclare l’avoir arrêté.
Un communiqué de la police, publié récemment, indique que les accusés encourent des peines de prison pour leur recrutement par le Congrès national rwandais (CNR), un parti politique d’opposition, en vue d’attenter à la sécurité de l’Etat. Leur collaboration avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), selon le texte, présents dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), serait aussi répréhensible.
Les Etats-Unis s’étaient inquiétés de la confession de Kizito Mihigo avant même le début du procès et avait appelé Kigali à accorder au chanteur et à ses co-accusés le minimum de garanties nécessaires à un procès équitable. Selon un défenseur des droits de l’Homme, ces confessions seraient en outre « contraires au principe de présomption d’innocence consacrée par la Constitution rwandaise elle-même »