Les affrontements ont déjà poussé près d’un million d’Abidjanais* à fuir en dehors de la ville. Aujourd’hui, l’insécurité et son corollaire, la paralysie de la plus grande ville de Côte d’Ivoire, font craindre une crise alimentaire et une propagation incontrôlable de l’épidémie de choléra déjà en cours à Abidjan. Elles entravent également l’action humanitaire dans l’ensemble du pays.
Des habitants terrés chez eux par peur de nouveaux raids et exactions, des approvisionnements de plus en plus problématiques, des coupures d’eau et d’électricité : la capitale économique de la Côte d’Ivoire est paralysée. Dans ce contexte, les services de base, en particulier l’approvisionnement en eau, électricité et en denrées alimentaires, ne sont plus assurés en permanence.
Cette situation est particulièrement dramatique alors qu’une épidémie de choléra décelée en janvier dernier se propage depuis plusieurs semaines dans la ville. « Lorsque l’approvisionnement en eau saine n’est plus assuré, les gens sont obligés d’aller chercher de l’eau à des sources non sécurisées, ce qui augmente les risques de propagation de l’épidémie de choléra, explique Cécile Renaudin, spécialiste en assainissement à ACF. Par ailleurs, le chaos rend difficile l’accès et le fonctionnement des centres de santé, alors que le choléra a une létalité très élevée : 50% si la maladie n’est pas traitée. »
Le choléra est apparu il y a quelques semaines à Bromakoté, quartier défavorisé de la commune d’Adjamé de la ville d’Abidjan où gravitent chaque jour plus de 2 millions de personnes. Aujourd’hui, l’épidémie est considérée comme hors de contrôle en l’absence de données de suivi épidémique. Action contre la Faim en partenariat avec la Croix Rouge Ivoirienne prévoit la distribution de 34’000 kits constitués de pastilles de traitement de l’eau et de savons. Cependant, ces opérations de prévention initiées par ACF sont actuellement stoppées pour des raisons de sécurité. ACF pré-positionne du matériel d’eau, d’assainissement et d’hygiène pour pouvoir intervenir d’urgence dès que la situation sécuritaire le permettra.
La sécurité alimentaire dans la ville est elle aussi extrêmement préoccupante. Le couvre feu établit depuis 5 jours n’autorise que de très rares déplacements dans la ville, en matinée lorsque la sécurité le permet, mais la population est confrontée à la rareté de la nourriture en raison de la coupure des approvisionnements. Face à cette situation d’urgence, ACF étudie actuellement les possibilités d’acheminer et distribuer des rations alimentaires dans les quartiers le plus isolés et les plus vulnérables.
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