Cela fera bientôt sept ans que le journaliste burkinabé Norbert Zongo a été assassiné avec trois compagnons d’infortune. Le procès qui s’en est suivi est toujours au point mort et c’est pour montrer leur refus de l’impunité que des associations de défense des droits de l’Homme vont marcher le 13 décembre, date anniversaire de sa mort, sur le palais de justice.
Avec Panapress
Le journaliste Norbert Zongo et trois de ses compagnons ont trouvé la mort en décembre 1998, calcinés dans leur voiture à environ 100 km au sud de Ouagadougou, sur la route de Sapouy. Un crime dont les commanditaires seraient proches du pouvoir. Le procureur du Faso, Adama Sagnon, a souligné jeudi dernier que le dossier Zongo n’avait pas bougé du cabinet d’instruction n° 1 avec le juge Wenceslas Ilboudo depuis 1998. Inculpé le 2 février 2001 dans cette affaire, l’adjudant Marcel Kafando, principal et seul témoin, a été hospitalisé en juin 2001. Depuis, son état de santé ne fait que se dégrader.
Après cette inculpation, de nombreuses personnes, dont le sergent Naon Babou, ont été auditionnées en décembre 2003. Le 5 janvier 2005, le journaliste Liermé Somé, actuel directeur de L’Indépendant, a été entendu sur la même affaire sans que cela ne fasse avancer le dossier, a expliqué le procureur Adama Sagnon. Précisant qu’au total 16 personnes ont été entendues aux fins de l’instruction courant 2005, M. Sagnon a indiqué que la difficulté dans le traitement du dossier Norbert Zongo reste l’état de santé du principal inculpé, Marcel Kafando. « Un handicap, mais pas un empêchement », a précisé le procureur général Abdoulaye Barry.
« Trop, c’est trop »
C’est pour marquer son refus de l’impunité que le Collectif burkinabé des organisations démocratiques de masse et des partis politiques (CODMPP) a annoncé jeudi son intention de marcher le 13 décembre, date anniversaire de l’assassinat, sur le palais de justice. La conférence de presse était également l’occasion pour le président du Collectif, Me Halidou Ouédraogo, d’indiquer sa volonté de lutter contre le système d’impunité entourant notamment les crimes politiques et économiques au Burkina. Pour lui, les assassins ont voulu les réduire en cendres dans le but d’effrayer et de dissuader définitivement tous ceux qui seraient tentés de suivre son exemple dans la recherche de la vérité et de la défense de la démocratie.
Me Ouédraogo a indiqué que tous ceux qui ont dénoncé de quelque manière que ce soit la création du Collectif et son mot d’ordre, « trop, c’est trop », ainsi que le ralliement à ce dernier d’organisations de différentes natures, ont été « sans exception aucune des défenseurs du régime de la 4ème République. Celui que dirige aujourd’hui le président Blaise Compaoré ». « Ces gens étaient les véritables commanditaires de l’assassinat du journaliste et de ses compagnons d’infortune », a-t-il accusé, demandant aux militants du Collectif qui sortiront le 13 décembre de porter le deuil effectif par « un brassard noir, ou un foulard noir ou encore un fanion noir ».
Après un recueillement le même jour à 7 heures, au cimetière de Gounghin (un quartier Ouest de la capitale), au cours duquel les militants procèderont à un dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes et à un hommage à Norbert Zongo et à toutes les victimes de la violence en politique, une marche sera organisée en direction du palais de justice de Ouagadougou suivie d’un meeting.