L’enregistrement à la naissance, est un droit naturel et fondamental pour l’enfant. Il lui donne les possibilités de retrouver son identité, d’assumer ses devoirs et d’user de ses droits. La non déclaration des enfants à l’état-civil constitue un signe d’absence de conscience civique, mais aussi de pauvreté. Surtout dans les pays d’Afrique subsaharienne où la situation est alarmante.
De notre partenaire Le Nouvel Economiste (Sénégal)
Selon l’Unicef, 41% des naissances intervenues dans le monde en 2000 n’ont pas été enregistrées. Soit 50 millions d’enfants pour qui l’avenir risque d’être compromis. En Afrique subsaharienne, le pourcentage des non enregistrés âgés de moins de cinq ans dépasse les 70% contre 63% en Asie du Sud. Une région qui, en 2000, arrivait en tête du classement avec 22,5 millions d’enfants non enregistrés alors que l’Afrique en comptait 17 millions. Sur 160 pays à travers le monde, seuls 82 présentent une couverture d’enregistrement dépassant les 90%. En Afghanistan et en Erythrée, le système d’état-civil est quasi inexistant; il en est de même pour la République Démocratique du Congo dont le sien a été endommagé avec les années de crise économique et de guerre civile.
L’autre fait marquant est qu’il existe dans certains pays, des disparités entre les zones urbaines et rurales ou des disparités régionales. Au Niger, les enfants enregistrés en zone urbaine dépasse le double de ceux enregistrés en zone rurale (85% contre 40%). Ce taux d’enregistrement tend à être plus faible au sein des minorités ethniques. Le cas du Vietnam est édifiant. En milieu urbain, le pourcentage est de 91% tandis qu’en campagne, surtout chez les groupes ethniques vivant dans les montagnes, il tourne autour de 25 à 30%. D’où qu’il soit, ces enfants inconnus à l’état-civil sont le plus souvent des enfants réfugiés, déplacés par les guerres et autres nombreux conflits éclatant un peu partout en Afrique et ailleurs. Ou bien ils appartiennent à des communautés indigènes ou ethniques ou nés de parents célibataires
Absence de volonté politique
La cause principale est le fait que l’enregistrement à la naissance n’est pas perçu dans beaucoup de régions du monde comme un droit fondamental. La négligence tient aussi à la pauvreté. Les Etats empêtrés dans des difficultés socio-économiques ainsi que les familles préoccupées par leur survie au quotidien n’en font pas une priorité. Il est considéré comme une formalité à remplir mais qui n’affecte absolument pas le développement de l’enfant. Le manque de considération pour l’enregistrement peut aussi émaner d’un manque de volonté politique. Cela se manifeste par l’absence d’une législation ou de sa mauvaise application, ainsi que par le manque de coordination entre les différents acteurs intéressés par l’enregistrement.
Au plan administratif, on évoque le manque de registres allié à l’absence de soutien de l’état aux fonctionnaires de l’état-civil, qui se retrouvent avec des salaires assez bas. Les autres obstacles sont liés à la législation, à l’économie, à la non-prise en compte des réalités culturelles et communautaires, à la discrimination entre hommes et femmes, aux barrières géographiques, à la guerre et aux conflits internes. Tous ces facteurs font que l’éducation des enfants est compromise dans les pays sous développés, ce qui retarde encore le développement économique de nos Etats.
Babacar GUEYE (Source Unicef)