Vingt-huit clandestins subsahariens ont été retrouvés morts, mardi, au nord d’El-Ayoun, chef lieu du Sahara occidental, après le naufrage de leur embarcation. Ces derniers jours, des bateaux chargés d’immigrants ont afflué aux Canaries. Une arrivée massive due, en partie, à une baisse du contrôle maritime causée par la suspension d’une patrouille dans les eaux mauritaniennes.
Par Louise Simondet
Tenter de rallier les Iles Canaries… Un rêve qui a tourné au drame pour vingt-huit clandestins subsahariens qui tentaient d’atteindre dans la nuit de lundi à mardi l’archipel espagnol. Leur traversée, à bord leur embarcation de fortune, s’est soldée par un naufrage. Les corps sans vie ont été retrouvés mardi, sur la côte atlantique, à 40 km au nord d’El-Ayoun, chef lieu du Sahara occidental. Selon l’agence de presse marocaine Map, les autorités du Royaume ont continué, mardi, de poursuivre les recherches dans cette région désertique pour retrouver d’autres victimes. Cette opération de ratissage a aboutit à l’arrestation de 49 immigrants africains, cachés dans des grottes et sur des arbres.
Des décès qui ne restreignent pas le désir de ces Africains de gagner ce qu’ils perçoivent comme l’Eldorado européen. Des vagues d’immigrants ont déferlé sur les plages des Canaries ces derniers jours. Des arrivées massives qui sont en partie liées à l’absence dans les eaux mauritaniennes d’une patrouille de la garde civile. La vedette Rio Duero, qui organise des patrouilles mixtes hispano-mauritaniennes, a stoppé pendant dix jours ses activités pour reposer son équipage, mais n’a pas été relayée. Résultat, les immigrants clandestins se sont engouffrés dans cette brèche. Cent soixante-douze clandestins ont ainsi réussi à atteindre les Canaries, rapporte l’AFP. Pour stopper ce flot, mardi, un nouvel équipage a pris la relève. Quatre embarcations comprenant quelques 130 immigrants ont ainsi été interceptées.
Une aide de l’UE pour contrer ce flux
Pour contrer cet afflux massif de clandestins, l’Union européenne (UE) à décidé de mettre à la disposition des autorités canariennes quatre vedettes. Elles auront pour tâche de patrouiller au large des côtes africaines et d’intercepter toutes les embarcations suspectées de transporter des clandestins. Une aide qui intervient après la mise en place d’un plan d’action commun, décidé lors de la conférence euro-africaine qui s’est déroulée les 10 et 11 juillet dernier à Rabat au Maroc. Cette coopération entre les pays africains et européens, qui doit permettre de lutter contre l’immigration clandestine, prévoit une meilleure coordination entre pays d’émigration, de transit et d’accueil. L’Italie va également contribuer à l’effort de l’UE, rapporte l’AFP. Rome va envoyer un avion ATR équipé de caméras et de radars pour détecter les bateaux remplis d’immigrants.
Les arrivées ont doublé entre 2005 et 2006. Depuis janvier, quelque 12 400 Subsahariens ont été arrêtés aux Canaries contre 6 800 arrivées pour l’année 2005, selon les chiffres rendus publics par le délégué du gouvernement aux îles Canaries, Jose Ségura. Le record de l’année 2002, qui s’élevait à 9 929 arrivées, est déjà largement dépassé pour l’année 2006. Le renforcement de la surveillance des frontières et des routes maritimes dans le nord de l’Afrique et spécialement aux enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, a changé les routes de l’émigration. Malte, les Iles Canaries et l’île italienne de Lampedusa sont devenues de nouvelles terres d’espoir pour les candidats à l’immigration, précise Courrier International. Un changement de destination qui rend leur voyage beaucoup plus périlleux, mais qui ne refrène pas leur volonté de partir.