2025 connaîtra une élection présidentielle décisive au Cameroun


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Franck et Paul Biya
Franck et Paul Biya

Prévue d’ici octobre 2025, l’élection présidentielle au Cameroun suscite déjà un grand intérêt non seulement pour la classe politique camerounaise mais également pour les citoyens. En effet rendu à douze mois de la présidentielle de 2025, de nombreux changements interviennent sur la scène politique, pouvant être déterminants pour l’issue du scrutin à venir. Dans les rues des villes et villages du Cameroun, on se demande si le Cameroun verra enfin une alternance à l’issue de ces élections, d’autant plus que jusqu’à présent on observe une dispersion de l’opposition, qui se refuse à une union qui pourrait être salvatrice face à la machine de guerre électorale du parti au pouvoir depuis plusieurs décennies.

Cabral Libii

Avec les candidatures qui fusent de partout depuis quelques mois déjà, venant de l’opposition camerounaise, il est curieux de constater qu’à ce jour l’opposition n’a pas encore décidé de son engagement pour remporter l’élection présidentielle au Cameroun. Tous voulant être le nouveau locataire du Palais de L’Unité. Cabral Libii arrivé troisième lors de la dernière présidentielle avec le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PRCN), parti qu’il dirige depuis 2019 et dont sa présidence lui a été confirmé par la justice camerounaise sur l’affaire qui l’opposait au président d’honneur Robert Kona, le « Macron camerounais » serait donc encore candidat à l’élection de 2025 comme il le démontre sur les plateaux où il est invité et bien évidemment sur les réseaux sociaux (X, Facebook).

Une opposition encore dispersée

Maurice Kamto

Arrivé officiellement deuxième de la présidentielle 2018, Maurice Kamto qui a revendiqué la victoire face au Président Paul Biya a failli ne pas pouvoir se présenter à l’élection 2025 à cause du boycott organisé par lui des élections législatives et municipales de son parti le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), qui l’éliminait automatiquement de la course vers le palais d’Etoudi. Mais grâce au parti de M. Jean Michel Nintcheu, président de l’Alliance Politique pour le Changement (APC), Maurice Kamto a été présenté comme le seul candidat de l’opposition appelant les autres parties à soutenir cette candidature, malgré le fait que le ministre de l’administration territoriale Paul Atanga Nji a déclaré l’APC et une autre coalition de l’opposition comme clandestines.

Le bâtonnier Akere Muna

Si Maurice Kamto a été présenté comme candidat unique de l’opposition à l’élection de 2025, le 28 septembre 2024, un autre ténor de la politique camerounaise a lui aussi été adoubé comme candidat unique de l’opposition, en la personne de l’ancien Bâtonnier Akere Muna, sous l’impulsion du parti politique UNIVERS du Pr Nkou Mvondo (ancien soutien du candidat Cabral Libii) et d’un groupe de partis politiques dont une faction héritière du plus vieux parti politique camerounais, l’UPC, et de quelques organisations de la société civile.

Joshua Osih

Le Social Démocratie Front (SDF) quant à lui, s’il le souhaite, ira aux élections pour la première fois sans son fondateur feu Ni John Fru Ndi de regrettée mémoire : le député Joshua Osih qui a récemment pris la tête du parti, l’avait déjà représenté à la Présidentielle de 2018 où il était officiellement arrivé quatrième. Autrefois parmi les ténors de la scène politique camerounaise après avoir donné des sueurs froides au régime Biya en 1992, le SDF n’a plus jamais réussi à aller au-delà des 20% des suffrages à la présidentielle. Avec seulement 5 députés pour la législature en cours, on se demande si ce parti pourra encore faire peur pour un scrutin national.

RDPC 2025 : Franck Biya ou Paul Biya ?

Franck et Paul Biya

Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) a un élément nouveau qui fait naître un remue ménage à l’interne et surtout sur la place nationale et internationale. Franck Emmanuel Biya, fils aîné du Président camerounais, a récemment reçu la carte du parti que dirige son père depuis sa création en 1985. Depuis quelques années déjà les rumeurs vont bon train sur ses ambitions présidentielles, même si lui-même n’a dit mot sur le sujet, considérant son père comme le « leader naturel du parti» et sollicitant le droit de réserve sur les sujets politiques. Mais il est tout à fait normal que les Camerounais cherchent à savoir si l’attribution de cette carte du parti fera de lui un probable candidat à la présidentielle, au nom du parti au pouvoir. Il faudra probablement attendre le prochain congrès du RDPC, dont le dernier organisé date de 2011, statue sur le sujet.

Paul Biya compte-t-il à cette occasion abandonner la tête du parti, et donc selon le règlement actuel de cette formation, la candidature à la tête de l’Etat ? Pour le moment le suspense est maintenu de ce côté mais c’est sans surprise, quand on sait le dirigeant camerounais mystérieux sur ses actions présentes et futures. D’ailleurs interrogé en 2022 sur ses ambitions pour 2025 il avait répondu « quand ce mandat (en cours) arrivera à sa fin, vous serez informés si je reste (au palais) ou si je m’en vais au village » les regards sont donc néanmoins tournés vers celui qui, depuis quelques jours déjà est en séjour privé du côté de la Suisse, marquant de son absence la 73e Assemblée générale des Nations-Unies et le XIXe sommet de la Francophonie. Une double absence qui n’a pas été sans relancer les spéculations sur son état de santé et donc sa capacité à mener campagne. 

Le risque d’une division du pays

En complément de toutes ces informations factuelles sur la scène politique camerounaise, il est à regretter le manque d’intérêt des jeunes citoyens pour le débat politique. Et le constat est inquiétant d’assister encore et toujours à une division de l’opposition. Si tous veulent succéder à Paul Biya au Palais d’Etoudi, aucun ne semble prêt à se ranger derrière une candidature commune, qui serait le meilleur moyen d’envisager une alternance à la tête du Cameroun… Cela prédit un travail encore long, mais non moins urgent, tant les défis sont énormes au Cameroun notamment et prioritairement l’arrêt de la crise dite du NOSO (Nord-ouest/Sud-Ouest), facteur redoutable de division du pays.

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Diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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