2024 franchit le seuil des +1,5°C : l’Afrique paie le prix fort


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Augmentation de la température mondiale en 2024
Augmentation de la température mondiale en 2024

Pour la première fois, la température moyenne mondiale a franchi le seuil critique de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels en 2024. Cette augmentation se traduit par des bouleversements sans précédent qui frappent particulièrement le continent africain, déjà vulnérable aux changements climatiques. Un cap qui sonne comme un avertissement pour l’avenir de notre planète.

Les chiffres alarmants d’une année hors norme

Le thermomètre mondial s’est affolé en 2024, atteignant une moyenne de 15,10°C rapporte le dernier rapport de l’Institut européen Copernicus. Cette hausse de 1,6°C par rapport à l’ère préindustrielle dépasse de 0,12°C le record établi en 2023. Plus inquiétant encore : onze mois sur douze ont dépassé le seuil critique fixé par l’Accord de Paris. Les océans n’ont pas été épargnés, avec une température moyenne de surface grimpant à 20,87°C, perturbant profondément les écosystèmes marins. En juillet 2024, près de la moitié de la surface terrestre suffoquait sous des vagues de chaleur d’une intensité inédite.

Le continent africain subit de plein fouet ces bouleversements climatiques. Au Maghreb, le mercure a atteint des sommets avec des températures dépassant 50°C, mettant en danger la vie des populations. Au Sahel, la sécheresse persistante, conjuguée aux conflits locaux, pousse des communautés entières sur les routes de l’exil. L’Afrique de l’Est, elle, se débat avec des inondations dévastatrices qui engloutissent villages et cultures. En Afrique centrale, les forêts partent en fumée à un rythme alarmant, détruisant des écosystèmes uniques et libérant encore plus de carbone dans l’atmosphère.

La modification des régimes pluviométriques bouleverse les cycles agricoles traditionnels. Les agriculteurs, désorientés par ces changements, peinent à adapter leurs pratiques ancestrales à ces nouvelles conditions climatiques. Les périodes de semis et de récolte, autrefois bien établies, deviennent imprévisibles. Autant d’urgences qu’il faut traiter alors que le continent manque de financement.

Le prix humain et économique du changement climatique

Ces bouleversements climatiques creusent les inégalités sur le continent. Les pêcheurs voient leurs prises diminuer dans des océans surchauffés, où la migration des poissons vers des eaux plus fraîches perturbe l’économie des communautés côtières. Les agriculteurs contemplent, impuissants, leurs champs asséchés ou inondés, menaçant la sécurité alimentaire de régions entières.

Dans les camps de déplacés climatiques qui se multiplient, les tensions s’accumulent autour de ressources de plus en plus rares. Les services de santé sont débordés par l’augmentation des maladies liées à la chaleur et à la contamination des sources d’eau. Les systèmes éducatifs sont également perturbés, de nombreuses écoles devant fermer lors des épisodes de chaleur extrême. Le rapport de Copernicus dressez un constat alarmant.

Vers des solutions concrètes

Les écosystèmes africains, déjà fragilisés par les activités humaines, subissent une pression supplémentaire. Les espèces endémiques, incapables de s’adapter rapidement à ces changements brutaux, voient leurs populations décliner dangereusement. Les grands mammifères, symboles de la faune africaine, sont particulièrement touchés par la modification de leurs habitats et la raréfaction des points d’eau.

Face à cette situation, l’Afrique ne reste pas les bras croisés. Des initiatives innovantes se multiplient pour développer des infrastructures capables de résister aux aléas climatiques. L’électrification rurale par les énergies renouvelables progresse, offrant des alternatives durables aux populations. Des projets de reforestation et de restauration des écosystèmes voient le jour, combinant savoirs traditionnels et technologies modernes.

De nombreuses communautés développent des systèmes d’alerte précoce pour anticiper les catastrophes climatiques. Des techniques agricoles résilientes, comme l’agroforesterie et l’agriculture intelligente face au climat, sont de plus en plus adoptées. Cependant, ces efforts restent insuffisants sans un véritable soutien international. Les pays industrialisés, principaux responsables du réchauffement, doivent honorer leurs engagements financiers pour accompagner l’adaptation du continent.

Un signal d’alarme pour l’humanité

Le franchissement du seuil de 1,5°C en 2024 est un cri d’alarme. L’Afrique, qui n’a contribué que marginalement aux émissions de gaz à effet de serre (moins de 4% des émissions mondiales), paie un tribut disproportionné à la crise climatique. Cette injustice exige une réponse mondiale immédiate et à la hauteur des enjeux.

La communauté internationale doit non seulement respecter ses engagements de réduction des émissions, mais aussi accélérer le transfert de technologies vertes vers l’Afrique. Le financement de l’adaptation climatique, promis lors des différentes COP, doit enfin se concrétiser. Car le temps presse : 2024 n’est peut-être qu’un avant-goût des bouleversements à venir si rien n’est fait pour inverser la tendance.

Masque Africamaat
Kofi Ndale, un nom qui évoque la richesse des traditions africaines. Spécialiste de l'histoire et l'économie de l'Afrique sub-saharienne
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