Du Niger au Gabon en passant par la Côte d’Ivoire, le Mali, retour sur les faits importants de l’actualité africaine en 2023.
La seconde moitié de l’année 2023 a été marquée par deux coups d’État qui ont fait parler d’eux : le renversement de Mohamed Bazoum au Niger et celui d’Ali Bongo un mois plus tard.
Au Niger, Mohamed Bazoum perd le pouvoir
À Niamey, capitale du Niger, le mercredi 26 juillet 2023 était un jour comme les autres jusqu’à ce que la population apprenne que la Garde présidentielle chargée d’assurer la sécurité du Président Mohamed Bazoum l’avait séquestré. Ce qui s’apparentait à une tentative de coup d’État à l’initiative de la seule Garde présidentielle allait, au fil des heures, bénéficier du soutien des autres composantes de l’armée. Une adhésion populaire s’observe également à travers des manifestations de rue organisées en faveur des militaires.
La CEDEAO et la communauté internationale vouent les putschistes aux gémonies. Pendant plusieurs semaines, l’organisation régionale brandit la menace d’une intervention militaire visant à restaurer le pouvoir du Président Bazoum après avoir pris des sanctions sévères contre le pays. Entre les deux parties, c’est le bras de fer. Toutes les missions d’intermédiation envoyées par la CEDEAO à Niamey rencontrent l’intransigeance des putschistes. Au bout de quatre mois, et l’ONU et la CEDEAO ont fini par reconnaître le coup d’État.
2023 : Le Niger à l’école du Mali et du Burkina Faso
Les putschistes nigériens se sont très vite rangés sur la même ligne que leurs frères d’armes du Mali et du Burkina Faso. Mêmes revendications souverainistes, même défiance à l’égard de la France et de la CEDEAO. La force des liens entre les trois juntes s’est manifestée à travers le soutien fort du Mali et du Burkina Faso qui se sont dit prêts à entrer en guerre aux côtés du Niger en cas d’attaque de la CEDEAO. Il y a eu également la signature de la Charte du Liptako-Gourma entre les trois États, acte de naissance de l’Alliance des États du Sahel. Cette alliance semble créée pour se substituer au G5 Sahel déserté par les trois pays et mort de sa belle mort.
Au Gabon, le général Brice Oligui Nguema met fin à l’ère Bongo
30 août 2023. Le Président gabonais, Ali Bongo, venait d’être déclaré élu par le Centre gabonais des élections (CGE), face à son principal challenger, Albert Ondo Ossa. Le fils d’Omar Bongo était certain de faire un troisième mandat, après 14 années passées à la tête d’un pays auparavant dirigé pendant 42 ans (1967-2009) par son père. Mais, les éléments de la Garde républicaine conduits par leur chef, le général Brice Oligui, en ont décidé autrement. Comme au Niger, ce sont les personnes chargées d’assurer la sécurité du Président qui l’ont évincé, peu de temps après la proclamation des résultats de la Présidentielle.
Avec ce putsch, les militaires ont mis fin au long règne dynastique de 56 ans de la famille Bongo sur un émirat pétrolier, un pays aux richesses immenses, mais dont la population, d’ailleurs très peu nombreuse, manque du minimum. Des richesses qui, pendant longtemps, ont surtout profité à la famille Bongo et aux clans alliés englués dans de nombreuses affaires de biens mal acquis avec des actions judiciaires en dehors du Gabon, notamment en France. Le nouvel homme fort du Gabon, lui, a pris son bâton de pèlerin et parcourt les capitales africaines afin de tenter de rallier les chefs d’État du continent à sa cause.
En Afrique, la France recule en 2023
L’installation des militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger a porté un sérieux coup à la présence française sur le continent. Les populations remontées par une coopération pas toujours favorable à leurs pays ont trouvé un écho positif auprès des militaires. Accords militaires, conventions fiscales et autres liant les trois pays à la France et jugés peu avantageux sont remis en cause. Par exemple, début décembre, le Mali et le Niger ont, dans un communiqué conjoint, dénoncé des accords fiscaux les liant à la France.
Ce faisant, les deux pays se sont placés au même niveau que le Burkina Faso qui a posé le même acte quatre mois plus tôt. Ici et là, le français a perdu sa place de langue officielle pour ne devenir que la langue de travail. Dans ces trois pays où la France recule, c’est la Russie qui gagne du terrain (voir par ailleurs). Surtout que la Russie offre aux pays africains la possibilité de développer leurs propres ressources et de prendre leur destin en main. Somme toute, un partenariat de type nouveau, sans condition et dépourvu de tout paternalisme. Ce recul de la France s’est également traduit par l’expulsion de l’armée française de ces trois pays, le dernier à voir partir les troupes françaises étant le Niger, il y a tout juste quelques jours.
La reprise de Kidal
Dans la lutte contre le djihadisme au Mali, s’il y a eu un événement marquant au cours de l’année 2023, c’est bien la reprise de Kidal par les FAMa. En effet, le 14 novembre 2023, l’armée malienne a chassé du Mali les rebelles touaregs qui y avaient établi leur siège depuis 2012. La citadelle restée imprenable pour l’armée et l’État pendant 11 ans passe à nouveau sous le contrôle des autorités maliennes. Avec cette reprise, le régime des colonels a administré une gifle tant à l’opération Barkhane qu’à la MINUSMA qui n’ont pas pu en presque dix ans prendre le dessus sur les rebelles. Une présence jugée inutile par Assimi Goïta et ses hommes qui ont demandé et obtenu le départ de ces deux forces du territoire malien. Ainsi, le 11 décembre 2023, les Casques bleus ont déféré à la demande de l’Exécutif malien en quittant définitivement le pays.
Le Sphinx de Daoukro a tiré sa révérence
En Côte d’Ivoire, l’un des trois dinosaures de la vie politique a définitivement raccroché, non pas par son propre vouloir, mais parce qu’emporté par la grande faucheuse. Henri Konan Bédié s’est éteint, le 1er août 2023, à l’âge de 89 ans. Il est parti ouvrant la succession à la tête du plus grand parti d’opposition ivoirienne, le PDCI, qu’il a dirigé pendant 29 ans. Le tout dernier congrès du parti a consacré l’accession à la présidence de Tidjane Thiam.