À l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes, le 2 novembre, il est important de réaffirmer l’urgence de protéger ces professionnels engagés, souvent en péril.
Le 2 novembre, la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes rappelle l’urgence de protéger les professionnels de l’information, souvent en première ligne dans des contextes périlleux. À travers le monde, de nombreux journalistes payent de leur vie leur engagement à rapporter la vérité. Cette journée est dédiée à honorer leur courage et à renforcer les actions pour que la justice soit rendue, car l’impunité fragilise la liberté d’expression et menace la société entière.
La violence contre les journalistes : une crise mondiale
Depuis 1993, plus de 1 700 journalistes ont été assassinés, selon l’UNESCO, et dans près de 90 % des cas, les auteurs ne sont jamais traduits en justice. Ce chiffre témoigne d’une crise mondiale de l’impunité. Les crimes contre les journalistes ne se limitent pas aux meurtres : enlèvements, disparitions forcées, torture et menaces numériques font également partie du quotidien de ces professionnels. En Amérique latine, en Afrique et dans d’autres régions en proie aux conflits, les journalistes sont exposés à des niveaux de danger extrêmes, comme en témoigne le récent rapport de l’UNESCO sur la sécurité des journalistes.
L’impunité ne touche pas uniquement les journalistes ; elle menace aussi la société dans son ensemble. Lorsque les crimes restent sans réponse judiciaire, c’est l’État de droit qui est affaibli, et cela engendre une culture de la peur. Cette peur limite la circulation des informations, essentielle pour un débat public sain et dynamique. L’exemple du Cameroun, où trois journalistes ont trouvé la mort en 2023 sans qu’aucune enquête satisfaisante n’ait été menée, illustre cette triste réalité. Le meurtre de Martinez Zogo, torturé et tué début 2023, reste sans justice, laissant un sentiment d’injustice et de terreur parmi les professionnels du pays.
Les femmes : journalistes des cibles particulièrement vulnérables
Les femmes journalistes, en particulier, font face à des menaces spécifiques, en ligne comme hors ligne. Selon un rapport de l’UNESCO, 73 % des femmes rassemblées ont subi des menaces et des intimidations en ligne en lien avec leur travail. Ce harcèlement numérique est souvent accompagné de menaces de violences physiques et de persécutions, un phénomène qui impose un lourd tribut mental et émotionnel et peut pousser certains journalistes à abandonner leur carrière. La protection des femmes journalistes est donc une priorité urgente pour garantir une information libre et diversifiée.
La résolution adoptée par les Nations Unies en 2013, qui a instauré cette journée internationale, est un appel clair aux États pour lutter contre l’impunité et protéger les journalistes. Cette résolution rappelle aux gouvernements leur devoir de promouvoir un environnement sûr pour les journalistes, de mener des enquêtes rigoureuses et d’offrir des recours aux victimes. En honorant la mémoire de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes français assassinés au Mali, cette journée souligne l’importance de la liberté de la presse comme pilier de la démocratie.
Actions globales et locales pour la sécurité des journalistes
En 2024, la commémoration se tiendra au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, coorganisée par l’UNESCO, pour discuter des défis spécifiques aux journalistes en zones de crise et d’urgence. L’objectif est de promouvoir des coalitions pour assurer la protection des journalistes, mais aussi de renforcer la justice dans les affaires d’agressions contre les médias. Des initiatives comme le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes mettent en œuvre des actions concrètes, mais de nombreux défis subsistent, notamment l’apparition de nouvelles formes de violence numérique.