L’Afrique subsaharienne pourrait compter jusqu’à 18 millions d’orphelins du sida en 2010, révèle le rapport publié par l’UNICEF ce mardi. Soit entre 20 et 30% des enfants de moins de quinze ans. Un chiffre qui s’élève aujourd’hui à 15 millions dans le monde.
Par Cédric Reine
18 millions d’orphelins du sida en Afrique en 2010. Telle est l’une des prospections alarmantes issue du rapport de l’Unicef, publié le 25 octobre dernier. L’organe onusien a parallèlement lancé une campagne afin de mettre en place des programmes nationaux destinés à prévenir la transmission du virus et fournir des traitements pédiatriques. Elle doit aussi tenter d’enrayer le phénomène des orphelinats.
Le sida condamne depuis 1980, 15 millions d’orphelins dans le monde (enfant de moins de dix-huit ans dont au moins un des parents est décédé) dont 12 millions en Afrique. « Dans ces pays, arriver à dix-huit ans, c’est comme atteindre l’âge mûr », a déclaré Ann Veneman, directrice exécutive de l’Unicef lors de cette campagne. Cette pandémie va, hélas, continuer son évolution en Afrique sub-saharienne puisqu’il devrait y avoir 18 millions d’orphelins (pour 20 millions dans le monde) en 2010, si rien ne venait inverser la tendance, dans une région qui abrite 10% de la population mondiale et rassemble deux tiers des personnes atteintes du VIH.
De plus en plus orphelins de mère
Les femmes sont au premier rang des préoccupations. En effet, le risque de contamination pendant des rapports sexuels non protégés est entre deux et quatre fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes. De plus, les femmes contractent le virus du sida bien souvent à cause de l’adultère de leur mari ou compagnon et sont presque systématiquement contraintes à avoir des relations sexuelles très tôt. Résultat : la probabilité d’être contaminées pour les jeunes Sud-africaines âgées de quinze à vingt-quatre ans est, par exemple, trois à quatre fois plus grande que pour un homme du même âge. Autre résultat : les orphelins sont aujourd’hui de plus en plus des orphelins de mère, ce qui accentue le problème de leur prise en charge, voire de leur survie lorsqu’ils sont tout petits.
Comme les filles et les femmes sont souvent plus pauvres et moins instruites que les hommes, elles sont plus souvent dépendantes financièrement et socialement. Par la suite, elles sont choisies et entretenues par des hommes plus riches qu’elles. Le déséquilibre financier contraint alors les femmes à avoir des relations sexuelles prématurées. La pauvreté ne leur permet pas – en outre- d’avoir recours à des soins médicaux et d’acquérir une instruction suffisante. Elles sont donc privées d’informations relatives à la protection du sida et à l’accès aux soins. On dénombre pas moins de cinquante nouveau-nés contaminés chaque jour en Afrique. 25% meurent avant leur premier anniversaire et 60% n’atteignent pas deux ans. Seul 1% des enfants qui ont besoin de traitements anti-rétro viraux, reçoivent ce traitement, alors qu’il en meurt 1 750 chaque jour en Afrique.