Ce lundi 17 octobre à 18h, comme tous les ans, de nombreuses associations et représentants de la société civile vont se rassembler à Paris. La communauté se retrouvera au pont Saint Michel, un des lieux du massacre. Un souvenir toujours pesant dans les relations entre la France et l’Algérie.
L’émotion reste vive au sein de la communauté algérienne de France et en Algérie 62 ans après les évènements du 17 octobre 1961. La police française, alors dirigée par le préfet de police de Paris Maurice Papon, avait violemment réprimée une manifestation de travailleurs algériens pour le droit à l’indépendance. Près de 200 Algériens seront tués ou noyés dans la Seine.
Longtemps cachée, cette page sombre de l’histoire de France a été ouverte au cours des années 1990, puis reconnue en 2012. Alors Président de la République française, François Hollande avait déclaré que « la République reconnaît avec lucidité » la répression « sanglante » de la manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. En 2018, Emmanuel Macron parlera pour sa part d’« une répression violente ».
Mais la France n’a encore jamais accepté de reconnaitre qu’il s’agissait d’un crime d’Etat. C’est la demande des collectifs qui se rassemblent chaque année pour commémorer le souvenir du massacre. Dans une interview à Afrik.com Gilles Manceron expliquait que « L’Etat ne peut rester dans le déni comme il l’avait fait à l’époque des faits. Il faut qu’il y ait une reconnaissance officielle du crime commis par l’Etat les 17 et 18 octobre 1961. »
Retour sur une page tragique de l’histoire entre la France et l’Algérie
17 octobre 1961. La guerre d’Algérie touche sa fin. Mais le couvre-feu imposé aux Algériens de France, et par extension à tous les Maghrébins, lui, n’a pas cessé. Les travailleurs algériens n’ont pas le droit de sortir entre 20h30 et 5h30. Les cafés appartenant aux Maghrébins doivent être fermés à 19 heures dernier carat. Pour dénoncer toutes ces restrictions, le Front de Libération Nationale (FLN) appelle à manifester pacifiquement dans les rues de la capitale française . Ce jour-là, près de 30 000 personnes répondent à l’appel du FLN.
À l’époque, Maurice Papon est le préfet de Paris. Il obtient l’autorisation des plus hautes autorités pour stopper la marche. Une violente répression a alors lieu dans la capitale des droits de l’Homme. Près de 12 000 Algériens sont arrêtés et 80 à 200 d’entre eux sont tués, certains jetés dans la Seine.
On peut retrouver aussi dans un podcast exceptionnel sur les archives oubliées du 17 octobre 1961.