17 ans de prison ferme


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L’assassin du journaliste français Jean Hélène a écopé de 17 ans de prison ferme. Le sergent Séri Toulou Dago Théodore a été condamné ce jeudi par le tribunal militaire d’Abidjan au terme d’un procès express de trois jours. Un verdict plus lourd que la peine initialement requise par le commissaire du gouvernement.

Par Boubacar Traoré

Dix sept ans de prison ferme pour le meurtrier du journaliste français Jean Hélène. La sentence du tribunal militaire d’Abidjan (Côte d’Ivoire) est tombée ce mardi à l’issue d’un procès de trois jours, condamnant le sergent Séri Toulou Dago à une peine plus lourde que celle requise par le commissaire du gouvernement (15 ans). Le policier a finalement été reconnu coupable « d’homicide volontaire ». La défense a décidé de se pourvoir en cassation.

Initialement prévu pour le 22 décembre dernier, le procès de Séri Dago avait été reporté au 20 janvier dernier, pour que tous puissent prendre « connaissance du dossier ». Le premier jour d’audience, le meurtrier présumé choisit de plaider non coupable. Une ligne de défense à laquelle il se tiendra durant toute la durée du procès, alors que les preuves sont accablantes. Des aveux, sur lesquels le policier reviendra, et une analyse balistique confirmant que la balle de l’assassinat provenait effectivement de la kalachnikov du prévenu. Outre sa peine, le tribunal lui a également demandé de s’acquitter de 500 000 F CFA d’amende (800 euros) ainsi qu’à l’Etat ivoirien de verser 137 millions de F CFA (218 000 euros) de dommages et intérêts à la famille du correspondant de RFI.

Non coupable

« Tu nous a créé un gros problème Séri Dago ». C’est la phrase émise par le supérieur du Sergent, quand il apprend la mort du correspondant de la radio RFI en Côte d’Ivoire. Il ne croyait pas si bien dire, puisqu’au lendemain de ce sombre mardi 21 octobre 2003, toute la communauté internationale s’indignait. Dominique de Villepin, le ministre français des affaires étrangères évoquait cette mort en parlant d’une « perte pour l’Afrique ». La FIJ (Fédération Internationale des Journalistes) parle elle d’une « attaque choquante et sauvage de la liberté de la presse ». Sur le plan national, la classe politique se dit « choquée, et consternée » par cet assassinat. Reporters Sans Frontières (RSF) et RFI se sont d’ailleurs portés partie civile au procès du journaliste.

Renseigné sur la libération de onze membres du Rassemblement Des Républicains (parti d’opposition) accusé de tentative d’assassinat, le journaliste de RFI s’était rendu le 20 octobre dernier devant les locaux de la Sûreté Nationale à Abidjan-Plateau. On retrouvera, plus tard, le corps de Jean Hélène une balle dans la tête. Le sergent de police Séri Toulou Dago s’est spontanément présenté à ses supérieurs en avouant avoir « tué un journaliste blanc». Ces propos, il les confirmera à la police judiciaire lors de l’enquête préliminaire, mais les niera devant la cour.

Justice express

Le très médiatique procès de Séri Dago n’aura duré que trois jours. Les avocats du policier crient à la « précipitation de l’instruction du dossier pour condamner un innocent ». Mais pour beaucoup, dix-sept ans de prison pour un homicide volontaire semble une condamnation relativement clémente. Qu’importe, l’affaire est jugée. Véritable épine dans le pied de Laurent Gbagbo, un tel épilogue à l’affaire Jean Hélène semble avoir été une nécessité pour réhabiliter son image sur le plan international. Notons que la France avait exigé, à mots couverts, le jugement du meurtrier de Jean Hélène comme préalable à la venue en France du Président ivoirien.

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